3 magnifiques balades à vélo le long des ports disparus du Zwin

Un bucolique circuit à vélo nous entraîne sur les traces de cet âge d’or où la mer coulait à l’intérieur des terres, avec une voie navigable très fréquentée vers Bruges et de florissants ports. Pédalez vers la tranquillité retrouvée et de gourmandes haltes nostalgiques.

Bruges: New-York à l’ancienne

Bruges: New-York à l'ancienne

Bruges: New-York à l’ancienne

Sur le pont des amoureux se trouve un couple qui s’embrasse, comme on le fait depuis des siècles à Bruges. Le pont surplombe la maison du peintre David De Graef, où il a aménagé des chambres d’hôtes. Son B&B Nuit blanche est idéal pour ceux qui veulent découvrir une maison médiévale de l’intérieur. « Ce sont encore les vitraux d’origine, avec des vitres rondes, selon la technique médiévale. Les fermetures aussi sont authentiques », précise l’artiste. De notre chambre au premier étage, nous profitons d’une vue sur le musée Groeninge et les tours de Bruges. Il fait étonnamment calme dans le jardin de David, le long des canaux. Nous nous rendrons ensuite à l’Historium, qui nous plonge dans l’histoire captivante d’une Bruges à son apogée. Nous remontons le temps pour vivre une journée de 1437, à travers une histoire d’amour qui sert de fil rouge à notre visite. À peu près toutes les marchandises de luxe telles que le vin et les textiles passaient à l’époque par Bruges et ses avant-ports.

Nous poursuivrons notre voyage temporel en suivant la nouvelle piste cyclable le long des ports disparus du Zwin. Grâce à six bornes de réalité virtuelle Timescope réparties le long du chemin, on peut voir le paysage tel qu’il se présentait au 15e siècle. Nous démarrons après un petit-déjeuner très healthy avec David, dont les assiettes fleuries et colorées ressemblent à des tableaux. Au musée Groeninge, nous admirons le portrait de la femme de Jan Van Eyck ainsi que la Vierge au chanoine Van der Paele. Les Primitifs flamands ont révolutionné la peinture grâce à leur réalisme, à leur perspective et à l’utilisation de la peinture à l’huile. Plus besoin d’or sur la toile, le travail lui-même est devenu précieux.

Depuis la mer du Nord, le Zwingeul était la porte d’entrée vers des avant-ports tels que Sluis, Monnikerede, Damme et Hoeke pour rejoindre Bruges. À l’époque, Bruges était l’une des villes les plus riches d’Europe, le New York de son temps. Jusqu’à ce que le canal du Zwin s’envase et que les ports disparaissent...

Damme flashback

Damme flashback

Damme flashback

Les bornes de réalité virtuelle sur la route le long des ports disparus du Zwin évoquent à nouveau ce passé glorieux. Le circuit est idyllique : nous faisons du vélo dans la tranquillité de l’arrière-pays entre Bruges, le Zwin et Sluis et profitons des arrêts en cours de route. Des lieux où l’artisanat est toujours valorisé. Lors de notre étape à Damme, le musée Tijl Uilenspiegel (Till l’Espiègle) raconte tout sur ce facétieux personnage de la littérature allemande du 14e siècle. À la Huyse de Grote Sterre, grâce à un lecteur de QR code, nous pouvons nous délecter d’histoires de voyous ayant défié l’autorité. Nous nous désaltérons ensuite au Siphon. On y déguste depuis quatre générations une incroyable anguille au vert et d’autres classiques de la cuisine flamande. De la bière y est désormais également brassée – dix variétés, en fait. Nous déjeunons chez De Zuidkant, dans un autre bâtiment d’époque avec des poutres en bois et une cheminée dont le cuisinier Patrick van Hoorn et l’hôtesse Cora Moerman sont tombés amoureux. Nous dégustons un menu raffiné et original à la lavande de mer et aux crevettes.

Oostkerke méritait un détour, pour son château reconstruit du 14e siècle avec ses beaux jardins, son paysage de polders avec des arbres têtards, ses canaux et ses larges haies de mûriers. Plus loin, pédalant vers notre prochaine maison d’hôtes, nous croisons un berger avec son troupeau le long du canal de Damme. Ce soir-là, nous dormons dans un ancien monastère. Les moines ont disparu depuis bien longtemps : aujourd’hui, The Little Monastery de Platheule est la demeure de la décoratrice Brigitte Garnier. Nous rangeons les vélos dans le hangar et posons nos valises dans des chambres d’hôtes aux dimensions surprenantes, meublées dans un style champêtre et intemporel. Les vasques en pierre, les volets — qui font également office de miroirs —, les sols et les murs en tadelakt : chaque détail a été bien pensé. Et tout est à vendre, de la table en bois à la chaise en lin brut, de la céramique aux verres. Le petit-déjeuner nous est servi avec une vue imprenable sur les prés jusqu’au canal de Damme. Vaisselle, carafe... tout est beau. Ça sera difficile de repartir les mains vides !

Sluis et le Zwin: par-delà la frontière

Sluis et le Zwin: par-delà la frontière

Sluis et le Zwin: par-delà la frontière

En dix minutes, nous atteignons à nouveau le canal de Damme et continuons vers Sluis. Nous traversons le canal avec un bac self-service. Un brin démodé, mais très agréable pour un moment zen sur l’eau. Nous tournons diligemment le volant pour traverser. Cela prend un peu plus de temps que prévu, car les gens de l’autre côté veulent gentiment nous aider, mais tournent dans la mauvaise direction... On finit par y arriver et remontons sur nos vélos. Le vent bruisse au milieu des peupliers, les canards bavardent parmi les roseaux : difficile de faire plus bucolique. La prochaine borne de réalité virtuelle sur le Krinkeldijk montre la région telle qu’elle était lorsque le Zwin s’étendait encore jusque-là.

Nous traversons une nouvelle fois le cours d’eau et arrivons dans la pittoresque Sluis, juste de l’autre côté de la frontière néerlandaise. La ville séduit par ses jolis ponts de bois, son beffroi, son moulin toujours en activité et ses nombreux cafés et restaurants. On peut aussi faire du pédalo sur le canal. Sluis était aussi connue pour le restaurant très prisé du chef Sergio Herman. Le lieu est désormais fermé, mais la ville au charme médiéval est toujours animée par de nombreux restaurants sous la tour angulaire de la ville.

Dépassant les murs de la ville et l’imposant moulin à vent, nous continuons vers la mer, puis passons devant le village frontalier de Sint Anna ter Muiden, qui lui aussi était autrefois un port. Nous y déjeunons au De Vijverhoeve, un restaurant familial depuis des générations. Sous notre parasol, dans le jardin ensoleillé et calme, nous nous imaginons en Provence, entre des buis sphériques et une charmante fontaine. « Sur le menu, vous trouverez désormais un plat du 15e siècle, préparé en consultation avec un archéologue alimentaire », explique Yori, qui nous sert de délicieux vins pour accompagner les plats créatifs de son compagnon Bart Grahame.

Après cet intermède savoureux, nous continuons le long de la frontière en direction de la réserve naturelle du Zwin, avec entrée gratuite du côté néerlandais. Le zwinneblomme — ou lavande de mer — y fleurit en juillet et les oiseaux se nourrissent dans le fond marécageux. Après ce plein de beauté naturelle, nous nous retrouvons à Knokke, le long de la mer. Lorsque nous nous désaltérons au premier bar de la plage à côté de la réserve naturelle, nous voilà soudainement revenus en 2022. Il nous faudra un certain temps pour nous réhabituer à l’agitation contemporaine... On commencera donc en douceur en se délectant d’un sorbet aux agrumes et herbes médiévales chez Hoeve Hazegras.

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