Rencontre: Michel et Oona, le duo père-fille derrière la boutique Ligne

C’est comment, de travailler en famille? Nous avons interrogé Michel et Oona Simon sur ce qui les différencie d’une entreprise où on ne risque pas de tomber sur ses collègues aux repas du dimanche. Photos: Laetizia Bazzoni.

MICHEL ET OONA SIMON, BOUTIQUE DE DESIGN LIGNE

Comment avez-vous commencé à travailler ensemble ?

Oona Simon « Je me suis imposée ! (Elle rit.) J’admire le travail de mon père depuis toute petite. Vers 14 ou 15 ans, j’ai commencé à l’accompagner aux foires de design à Paris et Milan, sans penser que je choisirais un jour ce métier. À 18 ans, j’ai fait un stage dans un bureau d’architecture d’intérieur : ça a été le déclic. »

Michel Simon « À aucun moment je n’ai eu envie de convaincre ma fille de suivre ma voie. Mon propre père avait essayé de le faire avec moi, sans résultat. Lorsqu’elle a terminé sa formation en architecture d’intérieur et qu’elle m’a parlé de faire un master, je lui ai proposé de plutôt venir travailler au magasin avec moi. Je lui ai dit : “Essaie, tu verras...” »

Vous ne vouliez pas lui mettre la pression ?

Michel « Non, d’autant qu’à l’époque, je pensais fermer le magasin et me consacrer à autre chose. »

Oona « Et puis un jour, tu m’as téléphoné. J’étais au Cambodge. Tu t’apprêtais à déménager le magasin vers la galerie du Roi et tu m’as demandé si j’étais d’accord de te rejoindre. J’ai dit oui. »

 

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Ce magasin, c’est votre lieu de travail commun. Vous vous voyez aussi beaucoup en dehors ?

Michel « Avant, il nous arrivait souvent de partir en vacances ensemble, mais maintenant, avec le magasin, ce n’est plus vraiment possible. Donc, je dirais qu’on se voit peu en dehors. En plus nous ne partageons pas les mêmes passions. Moi, je suis un lecteur assidu. Ma fille, je le lui reproche d’ailleurs souvent, n’ouvre jamais un livre. Elle est plutôt sports : hockey, course à pied... »

« Je ne me dis jamais, comme avec un collègue, qu’il finira par m’énerver » – Oona

Et dans les dîners de famille, ça parle canapé et console ?

Michel « Nous sommes les deux seuls concernés par le sujet, alors pas vraiment. Sauf, parfois, pour évoquer des anecdotes qui pourraient faire rire les autres, concernant certains clients, par exemple. »

Quel est le plus gros avantage de travailler en famille ?

Oona « Avec mon père, les échanges sont plus directs. Comme on a les mêmes goûts, on ne met pas des heures à réfléchir sur une couleur. On se lance. Il ne m’arrive jamais, comme cela pourrait être le cas avec un collègue, que je me dise qu’il va un jour finir par m’énerver. Quand on ne se voit pas, je l’appelle. Mon père, c’est mon idole. J’apprécie ses goûts en matière de design, mais aussi sa manière de s’habiller et de gérer une société. »

Michel « Pour moi, l’avantage majeur, c’est la confiance totale que l’on peut placer en l’autre. Quand je ne suis pas au magasin, je suis confiant. Je sais qu’elle va gérer nos affaires aussi bien que moi. Peut-être mieux, même. »

Et si, un jour, votre père décidait de vous laisser seule à la barre...

Oona (dans un cri du cœur) « Il ne le fera jamais ! D’abord parce que ce magasin, c’est son bébé. Et puis parce qu’il me dit toujours : “Qu’est-ce que tu veux que je fasse chez moi ? Chez moi, je m’emm...” »

L’ENTREPRISE EN 3 DATES

• Michel Simon a été engagé comme étudiant, puis comme collaborateur par la fondatrice de Ligne dans les années 70.
• Il a pris la direction de l’enseigne en 1997.
• Dans le cadre des Experience Days organisés par le BEL (14 et 15 décembre), un artisan de la firme danoise Carl Hansen proposera une démonstration du processus de cannage de la chaise CH24, une pièce majeure de l’histoire du design.

LIGNE, 14 GALERIE DU ROI, 1000 BRUXELLES.

Retrouvez cet article en intégralité dans le GAEL de novembre, disponible en librairie.