Rencontre: De Coninck, une histoire de vin (et de famille)

Marie Honnay

C’est comment, de travailler en famille? Nous avons interrogé Aurélie, France et Jean-Gabriel de Coninck sur ce qui les différencie d’une entreprise où on ne risque pas de tomber sur ses collègues aux repas du dimanche. Par Marie Honnay. Photo: Laetizia Bazzoni.

Rencontre avec la famille De Coninck

Aurélie, 44 ans, est responsable administrative. Jean-Gabriel, 50 ans, est administrateur. France, la maman, 73 ans, est responsable financière.

Quand avez-vous su que vous rejoindriez le business familial ?

Jean-Gabriel de Coninck« J’ai toujours baigné dans ce monde. Quand j’étais enfant, nous allions à l’école à deux kilomètres du siège de la société. Après les cours, je rentrais à pied pour rejoindre mon père et mon grand-père. On quittait rarement le bureau avant 19 h 30. Pour moi, ce mode de vie coulait de source. Sans trop savoir en quoi consistait l’univers du vin, j’avais envie de rejoindre la société. Ce n’est qu’à 20 ans que j’ai pris pleinement conscience de la chance que j’avais d’être né dans une famille qui vendait du vin plutôt que des clous. »

Aurélie de Coninck « À 26 ans, après avoir terminé des études de commerce et travaillé dans l’événementiel, j’ai décidé de rejoindre l’entreprise familiale. Mon ex-patron m’avait dit que je ne m’en- tendrais pas avec mon frère. Il avait tort. Vingt ans plus tard, je ne regrette pas mon choix. »

France de Coninck « Dans notre famille, tout s’est fait assez naturellement. Moi-même, lorsque j’ai rejoint la société il y a trente-cinq ans, c’était pour aider mon mari qui faisait face à un gros problème avec un fournisseur. Nous nous étions mariés pour le meilleur et pour le pire. Il était logique que je l’aide. »

Une mère et ses enfants dans le même bureau, c’est parfois synonyme de tensions ?

Aurélie « Il peut arriver que le ton monte, c’est vrai. D’autant que nous avons des caractères forts toutes les deux. Et puis, c’est bien connu, une mère prend plus volontiers le parti de son fils que celui de sa fille... Heureusement, en famille, on peut se dire les choses en toute franchise. Ça aide à relativiser. »

France « La différence, c’est que Jean-Gabriel dirige la société. S’il me demande conseil, c’est plutôt par élégance. Il sait exactement ce qu’il veut. Avec ma fille, c’est différent. Nos fonctions sont très similaires. Comme je suis beaucoup plus intransigeante qu’elle, parfois, ça clashe. »

En dehors du bureau, vous parlez de quoi : de grands vins ?

Jean-Gabriel« On ne parle que de vin ! Lors des dîners de famille, on ouvre de très bonnes bouteilles. L’idée, c’est de faire la fête, mais aussi de goûter un maximum de choses nouvelles. Comme nous proposons des milliers de références, on a de quoi faire la fête. »

Aurélie « Chaque midi, on déjeune tous les trois chez maman, qui habite près du bureau. Sur le plan professionnel, ces instants sont très constructifs. Si on passe des vacances ensemble, l’ambiance est plus détendue, mais on parle toujours de vin. Je me souviens de vacances à Cassis avec nos parents. Nous venions de boire un vin qui nous plaisait vrai- ment. Nous sommes tout de suite allés visiter le vignoble. Aujourd’hui, il figure dans notre assortiment. »

France « Mon mari avait instauré une sorte de rituel. À chaque fête de famille, c’est lui qui offrait les vins. J’ai voulu perpétuer cette tradition. À la fois pour entretenir le souvenir et pour faire découvrir de bons vins à nos proches. »

D’autres souvenirs particuliers ?

Jean-Gabriel« J’ai eu la chance de travailler pendant vingt ans avec mon père. La veille de son décès — il est mort de manière brutale dans notre vignoble à Bordeaux —, il parlait de revenir travailler plus régulièrement dans l’entreprise. Cette maison, c’était sa passion. La plus grande chose qu’il m’ait apprise peut sembler bateau, mais c’est la réalité : le client est roi ! »

L’ENTREPRISE EN QUELQUES CHIFFRES

  • Créée en 1886, cette société familiale est spécialisée dans la vente de vins, champagnes et alcools.
  • Le chai de 10 000 m2 de la maison De Coninck compte un stock de plus de 500 000 bouteilles.
  • Au programme des Experience Days organisés par le BEL  (14 et 15 décembre) : dégustation du vin du domaine familial, le château Martet, récemment élu 6e meilleur Bordeaux sur les 15 dernières années.
RETROUVEZ CET ARTICLE EN INTÉGRALITÉ DANS LE GAEL DE NOVEMBRE, DISPONIBLE EN LIBRAIRIE.

GAEL novembre

Contenu des partenaires

Contenu sponsorisé