Mustii: 7 artistes qui ont contribué à façonner son identité

Acteur, metteur en scène, auteur, compositeur, interprète, Thomas Mustin a depuis sa plus tendre enfance ses ‘héros’, des artistes qui ont contribué à façonner son identité de créateur. Abrégé de ses plus grandes fascinations. Par Isabelle Blandiaux.
Il n’y a pas de hasard. Alors que Thomas Mustin campait sur scène un Hamlet moderne (la pièce de Shakespeare adaptée et dirigée par Emmanuel Dekoninck reviendra en tournée l’an prochain), son avatar Mustii défendait sur les planches son premier album, 21st Century Boy, qui narre l’histoire d’un jeune millennial un peu perdu, entre thèmes intimes et glam-pop. Une double performance en miroir.
Du berceau au tombeau
Dès la maternelle, Thomas a senti qu’il voulait jouer, incarner, se fondre dans d’autres corps, explorer d’autres psychés. Mais ce n’est qu’à la fin de ses études d’acteur à l’IAD qu’il a compris que pour s’exprimer, il pouvait aussi utiliser d’autres canaux, comme la musique. Passé maître dans l’art de la transformation, une icône comme David Bowie lui a montré le champ des possibles. Comme d’autres, auxquels il ne se compare en rien, mais à qui il rend ici hommage.
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David Bowie
« Il est ma première vraie claque musicale. En découvrant ses albums, j’ai vu tout ce qu’il y avait derrière : le travail de l’image, de la scène, d’acteur, la théâtralité très forte chez lui. Cela m’a touché tout de suite. Cette hybridation me fascine. Même s’il use de personnages en fonction des époques, il reste lui-même : c’est Bowie en évolution.
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Il a un corps-plasticine mais il ne fabrique pas, c’est ancré en lui. La ligne est fragile entre le jeu et le réel. Le seul moment où il a peut-être versé dans le personnage pur, c’est avec Ziggy Stardust. Mais il l’a tué sur scène à un moment. J’aime l’idée que chaque disque soit une expérimentation qui ne va pas toujours plaire au public. Mais au moins, on tente d’autres choses. »
Tony Kushner
« Cet auteur de théâtre a écrit Angels in America, une pièce qui, si elle est montée intégralement, dure six heures. Elle a été jouée récemment à Broadway et elle a été adaptée par HBO en une minisérie, avec Al Pacino et Meryl Streep. Des gens venus de catégories différentes de la société, comme un avocat véreux ou une famille de mormons, sont amenés à se rencontrer dans le New York difficile des années 80, sur fond d’épidémie du sida.
Cette œuvre m’a beaucoup touché parce qu’elle parle aussi d’affirmation de soi, de ne pas avoir peur de montrer qui on est, de résilience. Ce sont des thèmes qui m’habitent et dont je parle dans mon album : comment un jeune réagit face aux chocs du monde, comment il peut y trouver sa place et donner du sens aux choses, alors que tout, tout autour, semble être en perte de sens. »
Gus Van Sant
« Pour la création de mon album, j’avais tout le temps des images du film Elephant qui me venaient à l’esprit. Je voyais un jeune garçon dans un lycée qui entre dans la vie et est confronté à de l’ultra-violence. Le film a eu la palme d’or à Cannes en 2003, mais je l’ai découvert après, vers 16-17 ans. Un peu comme le personnage de l’affiche a des cheveux et un t-shirt jaunes, j’ai choisi d’avoir une apparence monochrome laiteuse sur scène : la peau très blanche et les cheveux platine. »
Madonna
« Madonna m’a beaucoup marqué, j’ai toujours écouté des artistes de toutes les époques sans faire de différence. Musicalement, elle va moins loin que Bowie, c’est plus convenu, mais j’adore certains de ses albums. Ce qui m’a aidé chez elle, à l’adolescence, c’est son message d’affirmation et de dépassement de soi.
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Julianne Moore
« J’aime sa capacité de métamorphose, sa possibilité de se déformer, de se dégrader, de se salir dans son jeu. Pour moi, ça doit être la première qualité d’un acteur. Ce n’est pas masochiste, c’est de l’ordre de la transformation. J’ai plus de mal avec les acteurs trop propres. Or, Julianne Moore fait aussi de la publicité pour des produits de beauté, donc elle peut avoir cette image plus lisse, mais elle peut aussi la quitter. Sa palette est énorme. J’aime les personnages en perdition, les loosers. C’est plus jouissif à jouer pour un acteur. »
Alexander Mcqueen
« Il était ma référence en mode. Depuis son décès en 2010, ses collections restent glam et théâtrales, tout en étant modernes, sexy. Elles peuvent être colorées mais aussi assez sombres. Je me suis intéressé à la mode en lançant mon projet musical. Le costume est obligatoire à mes yeux dans une scénographie. Il doit être au service du mouvement. Je travaille notamment avec le créateur belge Giuseppe Virgone, qui a un côté parfois monacal, lié à la spiritualité. »
Florence + The Machine
« Florence Welch, la chanteuse de Florence + The Machine, fait beaucoup de liens avec les récits bibliques et antiques. Je la vois un peu comme une grande prêtresse dans sa façon de se présenter lors de ses shows, des moments de prêche, de communion. Dans ses visuels également, il y a un côté très sacré, spirituel, ce qui a tendance à me fasciner. Même si je ne me considère pas comme religieux. Je l’ai découverte dès son premier album, avec le morceau You’ve got the Love.
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Puis j’ai été la voir à l’AB, un de mes meilleurs souvenirs de concert. On apprend beaucoup en regardant les autres, sans pour autant refaire à l’identique. Son lien avec les gens est exemplaire. C’est ma plus grande inspiration d’un point de vue scénique. Elle est à la fois proche et elle crée un personnage avec une aura, c’est une vraie showgirl qui utilise tous les codes de la pop et qui a une voix magnifique. Elle a tout compris à mes yeux : elle va chercher les gens et elle transcende sa musique par de la performance. »
• EN CONCERT LE 12/7 AU BAUDET’STIVAL À BERTRIX, LE 20/7 AUX FRANCOFOLIES DE SPA, LE 26/7 À LES GENS D’ERE PRÈS DE TOURNAI, LE 3/8 À RONQUIÈRES, LE 18/8 AU BRUSSELS SUMMER FESTIVAL, LE 24/8 AUX SOLIDARITÉS À NAMUR…
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