Merci, Elisa Brune

Elle nous a quittés le 29 novembre dernier à l’âge de 52 ans. Elisa Brune écrivait tous les mois une chronique sublime dans GAEL, une perle de profondeur, de légèreté et de poésie qui donnait envie de mordre dans la vie.

Poétesse chasseuse d’éclipses

Son annonce nécrologique dans Le Soir est à son image. Un pavé blanc avec juste ces mots: « Elisa Brune s’est éclipsée, 1966-2018. » Sourire à travers nos larmes. La docteure en sciences de l’environnement passionnée d’étoiles, la poétesse chasseuse d’éclipses nous bouleverse une dernière fois avec son incomparable élégance.

Ne vous contentez pas de relire ses chroniques dans vos GAEL, plongez dans ses ouvrages et savourez-y sa plume, sa science et ses messages jubilatoires. Parmi ceux qu’elle laisse et qui compteront longtemps pour les femmes et ceux qui les aiment: le plaisir féminin n’est pas inné, il s’apprend. Les informations qu’elle a scrupuleusement rassemblées et si bien racontées ont – on le sait – changé la vie de bien des femmes et des couples. En mars, les éditions Odile Jacob publieront un livre complet sur Elisa Brune.

En attendant, voici les dernières lignes d’une des chroniques qu’Elisa nous a offertes avant de partir, et que vous retrouvez dans son dernier livre Tant pis, je fonce!
50 histoires pour saisir la vie
, Odile Jacob, 2018:

« On arrive à l’aéroport avec un goût de trop peu. Il reste tant à voir, goûter, découvrir. On embarque avec philosophie – on ne peut pas tout faire, bien entendu. Et pendant que le regard traîne rêveusement sur la mer qui défile, on réalise que la vie est exactement comme ce voyage d’une semaine : un tour de reconnaissance dans un lieu enchanté. On a repéré tout ce qu’on voudrait mettre au programme. Mais je ne sais comment la porte de l’avion vient de se refermer. Attachez vos ceintures et redressez vos tablettes. Et, surtout, surtout, il y avait ce petit banc public au bout de la jetée, où l’on avait pressenti qu’il ferait bon s’embrasser. Heureusement, celui-là, nous ne l’avons pas loupé. »

Quelques mots pour Elisa

THOMAS GUNZIG

Edgard Gunzig, le papa de Thomas, était astrophysicien. Elisa Brune a écrit avec ce dernier un roman éblouissant d’humour et de philosophie: Relations d’incertitude, paru chez Ramsay. « La première chose qui me vient en tête quand je pense à Elisa, c’est son sourire. Elisa a un incroyable sourire. Le sourire le plus incroyable que j’ai vu dans toute ma vie. Un sourire qui est aussi éblouissant que ces spots qu’on place tout autour des terrains de foot pour éclairer les matchs. Je me souviens que j’avais passé quelque jours à Genève avec Elisa. Je ne sais plus du tout ce qu’on faisait là, sans doute une espèce de salon du livre. C’était le printemps, presque l’été. Il faisait hyper chaud. Un libraire avait apporté du champagne. On avait été au bord du lac et on l’avait bu au goulot en s’en mettant plein les joues. C’était le genre de petit moment parfait dont on ne sait pas, sur le moment, qu’il deviendra plus tard, avec le temps, ce qu’on appelle un “beau souvenir”.

Je me souviens d’un interminable trajet en train, Elisa était en face de moi, toujours avec son sourire. Dans mon souvenir, nous étions vaguement ivres, sans doute à cause du champagne, ou alors d’autre chose... Je suis certain qu’on avait parlé sex toys. À travers la fenêtre de ce train, on voyait défiler les Alpes. Les montagnes, les sommets enneigés sur fond de ciel bleu, les mains d’Elisa m’expliquant le bon usage du vibromasseur, c’est encore un autre moment parfait qui est devenu, aujourd’hui, un bon souvenir. Dans une vie, même heureuse, même longue, la liste des vrais bons souvenirs n’est pas si longue. Vingt, trente... pas beaucoup plus. Pour moi, Elisa existera toujours dans deux d’entre eux. »

MIREILLE MARTENS, rédactrice en chef aux débuts d’Elisa en chroniqueuse GAEL.

« Je voudrais bien écrire, en quelques mots, à quel point Elisa me laisse un souvenir lumineux. Au lieu de m’y mettre, je me replonge dans Pensées magiques. 50 passages buissonniers vers la liberté, paru chez Odile Jacob en janvier 2013. Un recueil qui reprend 50 chroniques qu’elle avait alors déjà publiées dans GAEL à ma demande. J’avais dû insister un petit peu, mais à peine, car la gentillesse d’Elisa est aussi grande que son talent. Je les savoure avec le même plaisir que lors de leur première lecture. C’est un
tel bain d’intelligence, de fraîcheur, de simplicité, d’élégance. En deux pages, Elisa nous plante devant un petit bout du réel qui nous avait échappé, tourne autour, l’éclaire, l’épluche, le déshabille, nous force à le regarder d’un œil nouveau, et nous voilà ébahis, décontenancés et ravis, la magie d’Elisa a joué son tour, rien ne sera plus comme avant. Pour nous aider à vivre chaque jour comme une surprise, la médecine d’Elisa est plus juste, plus modeste et plus concise que celle qui s’étale dans les mille bouquins rabâchés de mille docteurs en insignifiance à l’ego boursouflé. Science, philosophie, psychologie, littérature, sexualité, art, sa grande curiosité et son ouverture l’ont poussée à explorer des territoires très variés, sans jamais ennuyer. Cette experte en légèreté qui courait derrière les astres laisse une trace brillante et profonde. Salut Elisa ! Rendez-vous à la prochaine éclipse. »

GÉRALDINE SAUVAGE, hommage personnel sur Facebook.

« Elisa Brune est la seule à qui j’ai écrit une lettre de fan. Je voulais lui dire à quel point ses romans m’avaient fait vibrer. Certains, comme La Tentation d’Edouard, mystérieuse et passionnelle conquête épistolaire, m’ont laissé un souvenir si intense que je n’oserais les relire de peur d’être déçue. On s’habitue si vite au plaisir de vibrer. [...] les nouvelles érotiques ajoutées à la fin d’un de ses très sérieusement documentés livres sur le plaisir féminin ont servi d’étincelles à des découvertes spirituelles qui ont fondamentalement transformé ma vision du monde et de moi-même. »

JEAN SEROUX, peintre et compagnon d’Elisa

Il partage les dernières lignes du dernier livre paru d’Elisa, Tant pis, je fonce ! 50 histoires pour saisir la vie.

Elisa Brune: « On arrive à l’aéroport avec un goût de trop peu. Il reste tant à voir, goûter, découvrir. On embarque avec philosophie – on ne peut pas tout faire, bien entendu. Et pendant que le regard traîne rêveusement sur la mer qui défile, on réalise que la vie est exactement comme ce voyage d’une semaine : un tour de reconnaissance dans un lieu enchanté. On a repéré tout ce qu’on voudrait mettre au programme. Mais je ne sais comment la porte de l’avion vient de se refermer. Attachez vos ceintures et redressez vos tablettes. Et, surtout, surtout, il y avait ce petit banc public au bout de la jetée, où l’on avait pressenti qu’il ferait bon s’embrasser. Heureusement, celui-là, nous ne l’avons pas loupé. »

DELPHINE CHARLIER, comédienne.

Elle rejoue La Tentation d’Edouard au Jardin de ma sœur à Bruxelles du 7 au 23 février 2019.

« Le roman La Tentation d’Edouard (2003) a été une telle révélation que j’ai eu envie de l’interpréter au théâtre. Il raconte l’histoire d’Edouard, qui tombe amoureux d’une photographe après avoir vu une photo qu’ellea faite. Il va tenter de la séduire dans des lettres d’une grande sensualité. L’écriture forte, subtile et pleine d’humour d’Elisa Brune m’a transportée. Je pense qu’elle s’identifiait à cette photographe. En femme libre, Elisa évoque avec finesse le plaisir féminin comme un droit vital et trop peu défendu. Lors de nos échanges, elle me disait qu’il aurait fallu inventer une nouvelle science : l’orgasmologie ! Après tous ces mois passés en “sa compagnie”, j’ai été très heureuse qu’elle soit très touchée par la pièce. »

Un Apéro Poésie pour Elisa Brune

Un Apéro Poésie dédié à Elisa Brune sera organisé ce 8 février à La Bellone, au centre de Bruxelles. Retrouvez toutes les informations sur la page Facebook de l’évènement.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu des partenaires

Contenu sponsorisé