EXPO: William Kentridge, un voyage poétique au plus profond de l’Afrique
Artiste sud-africain multiple et engagé, William Kentridge n’en finit plus de réinventer son art sous le prisme de l’histoire mondiale. Afin de célébrer quarante ans d’un parcours magistral, une retrospective présente actuellement son travail iconique, au Museum Folkwang d’Essen. Par Nicky Depasse.
Imaginez un instant des ombres dansant sur du charbon effacé, des processions fantomatiques qui racontent l’histoire d’un continent blessé, et une voix qui murmure les échos du passé. C’est l’univers envoûtant de William Kentridge, le célèbre artiste sud-africain qui fête ses 70 ans avec une rétrospective magistrale au Museum Folkwang d’Essen. Laissez-nous vous emmener dans cette expo aussi touchante que captivante, comme un roman dont on ne peut pas s’empêcher de tourner les pages.
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Des souvenirs devenus art vivant
William Kentridge, né à Johannesburg en 1955, est un créateur aux mille visages. Dessinateur, animateur, acteur, réalisateur, metteur en scène de théâtre et d’opéra : il mêle toutes ces disciplines dans lesquelles il a œuvré avec une grâce désarmante. Issu d’une famille d’avocats militants contre l’apartheid, son père a défendu Nelson Mandela lors de son procès, William a grandi dans l’ombre de la ségrégation raciale. Aujourd’hui, il vit et travaille encore à Johannesburg, transformant ses souvenirs en art vivant. Kentridge n’est pas un peintre classique, c’est un alchimiste. Ses dessins sur papier, souvent au crayon en charbon, deviennent des films animés où les figures s’effacent et renaissent, comme la mémoire elle-même. Ainsi de ses Dessins pour projection, ces courts-métrages où Johannesburg surgit, hantée par les fantômes de l’apartheid.
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Quatre décennies de création
La création de William Kentridge est un cri poétique contre l’injustice. Ses œuvres explorent le colonialisme européen en Afrique, les luttes pour la justice, le rôle de l’individu dans la société. À la Tate Modern, la Biénnale de Venise ou au MoMA, on s’arrache ses installations multimédias, comme Black Box/Chambre Noire, une réflexion sur le génocide rwandais. Ses tapisseries Porter ou ses sculptures évoquent des processions infinies, symboles de migration et de résilience. Kentridge a révolutionné l’animation en la rendant brute, imparfaite et humaine. Et son théâtre ? Des opéras comme The Nose de Chostakovitch, mis en scène avec des ombres géantes. À 70 ans, il reste un géant, salué pour sa capacité à nous faire rire et pleurer face à l’Histoire.
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Sa rétrospective, Listen to the Echo, est un bijou. Depuis le 4 septembre jusqu’au 18 janvier 2026, elle déroule plus de quarante années de carrière : des films animés emblématiques aux tapisseries récentes, en passant par l’installation triptyque To Cross One More Sea et la série 2024 Self-Portrait as a Coffee-Pot. On y voit son atelier en action, des esquisses naître du chaos. C’est immersif et émouvant, parfait pour une sortie solo ou entre amies, avec un thé en main pour digérer ces échos profonds. Une journée culturelle de haut niveau sans jet-lag. Cette expo justifie amplement le trajet : rare en Europe, elle offre un regard frais sur nos propres histoires coloniales, avec une tendresse qui guérit. Une pause inspirante pour nourrir notre esprit créatif. Vous en sortirez le cœur plus grand.
William Kentridge, Listen to the Echo, Museumsplatz 1, 45128 Essen, Allemagne
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