Roman, BD : nos 4 livres coups de coeur du mois
À la recherche de nouveaux livres pour vos dimanches plaids & lecture? N’en dites pas plus, notre journaliste littéraire vous glisse ses favoris. Par Nicky Depasse.
Je rouille
Voilà une jeune voix à l’énergie brute, à l’humour discret et au regard tendre qui mérite d’être remarquée en cette rentrée. Dans ce premier roman qui frappe fort, on suit le tourment intérieur d’un garçon du Sud de la France partagé entre le travail avec son père dans un restaurant et son amour de vacances pour une belle Parisienne. On y découvre ainsi ce qui se passait dans la tête du pauvre gars un peu chelou avec qui on est sortie un été de notre adolescence et on se remémore le long chemin intérieur qu’on a parcouru depuis.
Je rouille, Robin Watine, 152 p., éd. Calmann Lévy.
L’Éducation physique
L’Espagnole Rosario Villajos, voix montante de la littérature européenne, raconte les années 90 à travers les yeux d’une ado mal à l’aise dans un corps qu’elle maltraite. Les vestiaires, les cours de sport, les rires cruels : tout rappelle combien l’école peut être un terrain impitoyable. Mais ce roman, qui se déroule le temps d’un retour tardif à pied vers la maison familiale, ne s’arrête pas à une histoire d’adolescence. Il montre comment la société impose très tôt des contraintes aliénantes. Avec un style direct, ce roman au féminin capte et restitue cet instant où l’on découvre que grandir, c’est aussi oser résister.
L’Éducation physique, Rosario Villajos, 256 p., éd. Métailié.
Peau d’ourse
Ne vous fiez pas trop à la quatrième de couverture : Peau d’ourse ne se réduit pas à l’histoire d’une adolescente queer en surpoids, victime de harcèlement. C’est surtout un roman qui nous emmène à la frontière poreuse entre l’humain et une nature qui nous dépasse et que nous ne voyons plus. La jeune héroïne s’élève à l’écart du monde, moitié sauvageonne, moitié légende, et devient le miroir de nos peurs et attirances pour tout ce qui échappe au contrôle. L’écriture, aussi poétique que crue, fait sentir la forêt, la rudesse des saisons et l’appel du vivant.
Peau d’ourse, Grégory Le Floch, 229 p., éd. du Seuil.
La bd du mois
Comment une photographe reconnue dans le monde de la mode d’après-guerre est-elle devenue cette artiste culte ? Loin des mannequins et stars du cinéma, pourquoi cette New-Yorkaise se met-elle à braquer son objectif sur ceux que la société ne veut pas voir : marginaux, freaks, travestis ? Longtemps perçue comme scandaleuse, son œuvre est aujourd’hui reconnue comme portant un regard unique sur l’humanité, celle des anonymes cabossés par l’existence. Les pages de ce roman graphique, dont chaque case semble sortie de l’album photos d’une vie tourmentée par la quête d’identité, tournent comme la bobine d’un film qui donne chair à l’une des artistes qui ont ouvert les yeux du monde.
Diane Arbus, photographier les invisibles, Aurélie Wilmet, 212 p., éd. Casterman.
Plus de lectures captivantes
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici