Rencontre: Sergi López, séducteur malgré lui

Sergi López, l’acteur catalan au charme ravageur, nous a accordé une interview pas formatée.

Cette année, Sergi López était le coup de cœur du Festival international du film francophone de Namur. Proche du cinéma belge, dans lequel il se reconnaît grâce à l’humour «intuitif, surréaliste, parfois dérisoire», l’acteur de 51 ans présentait un film de la cinéaste belge Marion Hänsel, En amont du fleuve, où il partage l’affiche avec Olivier Gourmet, autre poids lourd de notre cinéma.

Dans le foyer du Grand Théâtre de Namur, Sergi López nous a un peu raconté sa vie. Attention, tutoiement obligé avec ce militant engagé (et éclairé) désireux de rendre le pouvoir au peuple.

Tu n’es pas né dans un milieu
 de théâtre. D’où vient ton envie 
d’être comédien ?

Mon père était électricien dans une usine Pirelli, ma mère vendeuse. Mais chez moi, en Catalogne, c’est très courant que les jeunes fassent du théâtre amateur. Aux alentours de Noël, tout le monde joue une pièce sur la Nativité. Les bergers peuvent être trois ou trente. Enfants, personnes âgées, tout le village monte sur scène. Donc j’ai commencé à goûter le théâtre comme ça, comme plein d’autres gens en Catalogne qui sont devenus par ailleurs employés de bureau ou charcutiers.

Quelles ont été les rencontres clés de ta carrière?

On appelait Jacques Lecoq (metteur en scène et directeur d’une grande école de théâtre parisienne, fréquentée par Lecoq) «le maître», ou «le pédagogue». Son école est extraordinaire, elle m’a tout appris. Car plus qu’une école de théâtre, c’est une école de création. L’idée, c’était de trouver sa place dans le théâtre, de trouver son propre langage, la meilleure manière de s’exprimer.  Et puis un jour, sur les murs de l’école, il y avait une petite annonce qui indiquait: «Cherche pour long-métrage de cinéma comédien avec fort accent espagnol.» J’y suis allé et j’ai rencontré Manuel Poirier, qui m’a fait passer des essais. Au départ, je n’ai pas compris que c’était lui, le metteur en scène, je croyais qu’il était stagiaire. On a fait cinq films ensemble, dont Western, qui est allé au festival de Cannes. Quand on a reçu le Prix du jury, j’ai enfin pris conscience que je faisais du cinéma.

« Il faut rendre la politique aux gens. »

L’autre grande aventure de ta vie c’est la politique. Raconte-nous ton engagement pour l’indépendance de 
la Catalogne...

Je ne suis pas pour l’indépendantisme ethnique ou ridicule. Mon propos est qu’il faut rendre la politique aux gens. Je pense qu’il y a eu un abandon de ça. Et que l’idée d’avoir confié la politique aux professionnels est une mauvaise idée. Ça ne marche pas comme ça. Il n’y a pas de politique professionnelle. Nous sommes tous des citoyens, majeurs, capables de décider. C’est le principe de Podemos, qui est de dire: «Nous pouvons.» Si on veut que ça marche, il faut cesser de nous prendre pour des ignorants. Il n’y a pas que les spécialistes qui connaissent la politique et l’économie. Il est temps de changer les choses.

Tu es un acteur européen. Que t’inspire la situation de l’Europe aujourd’hui?

L’Europe n’est pas une colonie de vacances. Le Brexit n’est pas une trahison. C’est surtout une question de capital. Ce qui m’intéresse, c’est comment sont considérés les gens, les citoyens, les individus. Il me semble que plus on descend à l’échelon local, plus on est près des problèmes et de la meilleure manière de les résoudre.

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