Claire Laffut: « Je suis une bleue et je l’assume »

Peintre, auteure, chanteuse, Claire Laffut sublime sa vie dans des chansons pop ensoleillées, chaloupées, coloriées, qu’elle décline également sur des toiles grand format. Le premier album de l’artiste belge de 27 ans nous immerge dans son imaginaire poétique. Texte: Isabelle Blandiaux. Photo: Charlotte Abramow.

Bleu Claire

« Je suis une bleue et je l’assume. Mon premier album s’appelle Bleu parce qu’il parle de mon arrivée à Paris, de mes premiers pas dans la musique », nous raconte Claire Laffut, chevelure cobalt entourant un visage d’elfe à la fois malicieux et onirique. Originaire d’Auvelais, dans la Basse-Sambre, elle s’essaye dès 16 ans au mannequinat, une expérience qui lui laisse un arrière-goût amer. De rencontre en rencontre, dans l’effervescence des nuits parisiennes, sa route croise celle de musiciens. Pour rigoler, un soir de répète, elle se retrouve en studio, devant un micro, et c’est la révélation. Les titres Mojo et Vérité ont suivi, la révélant au grand public il y a trois ans. Retardé pour cause de pandémie, son disque Bleu nous plonge dans les pigments des toiles qu’elle peint en correspondance avec chacun de ses morceaux.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Ce dossier fait partie de notre contenu +. Pour y accéder gratuitement, inscrivez-vous ci-dessous!

Tu rêvais de quoi, petite ?

De devenir artiste peintre. J’avais envie de vieillir dans un atelier rempli de chats. Mais j’étais aussi attirée par les popstars que je voyais à la télé. Cela allait de Britney Spears à Mélanie et Jenifer de la Star Ac. Mais devenir chanteuse n’était pas une obsession.

Tu as commencé le dessin dès ta prime enfance ?

Oui, c’était une manière pour moi de m’évader. J’avais vraiment un truc avec le papier et le crayon : je pouvais rester des heures devant une feuille blanche. J’oubliais tout ce qui se passait dans la sphère familiale. Ma maman m’a inscrite à l’académie de mon village. J’ai pu y explorer toute la palette artistique : dessin, solfège, piano... Et j’avais commencé un cours de danse de façon sérieuse, puis je me suis blessée. Je me suis donc d’autant plus concentrée sur le dessin, qui a toujours été un précieux exutoire. La musique est venue beaucoup plus tard.

Se détacher du réel, c’est fondamental pour toi ?

J’adore créer de l’imaginaire. Dans mes textes, je pars d’images que j’ai en tête, de souvenirs, de doutes que j’essaye de convertir en poèmes. Et la peinture sert à représenter le rêve autour. Cela me permet de romancer ma vie, de sublimer des histoires d’amour tristes, peut-être à la manière de Frida Kahlo qui peint ses déceptions, ses voyages avec Diego, comme quand elle va à New York et qu’elle n’aime pas la ville, ou quand elle a cet accident de bus. J’aime bien raconter ma vie en peinture et en chansons.

« Le métissage est naturel pour moi : j’aime danser, la chaleur, un certain exotisme, parce que je viens d’un village très gris, industriel, près de Charleroi, donc peut-être que j’ai eu besoin d’un ailleurs. »

Le son de ton disque est pop, groovy, rythmé, avec des accents afro, tropicaux, latino. Tu l’as peaufiné au fil du temps ?

Ce son a des influences qui viennent de partout, à commencer par la bibliothèque de vinyles de mon père, qui m’a transmis sa passion musicale. Il me faisait écouter aussi bien Daft Punk que Fela Kuti... Je suis née dans les années 90, donc j’ai très vite eu accès à la musique du monde entier sur le Net et j’ai toujours adoré ça. J’avais envie de regrouper ces sonorités dans une pop belge. La Belgique est également très influencée par le Congo et l’Afrique. Le métissage est naturel pour moi : j’aime danser, la chaleur, un certain exotisme, parce que je viens d’un village très gris, industriel, près de Charleroi, donc peut-être que j’ai eu besoin d’un ailleurs.

Est-ce qu’une chanson peut jouer le rôle de pansement ?

Oui, vraiment. Un petit fil qui recoud une blessure. Les chansons sont pour moi comme les cailloux blancs du Petit Poucet : elles me rappellent par quoi je suis passée, elles me montrent le chemin parcouru, le fait que j’ai grandi, le fait que je devienne une femme.

Quand tu te projettes dans dix ans, tu vois quoi ?

J’aimerais continuer à créer comme aujourd’hui, mais aussi devenir maman, vivre près de la nature. C’est tout ce dont j’ai envie. Je rêve d’habiter dans un atelier en face de la mer. Comme Pierre Soulages. Et d’y vivre jusqu’à 100 ans avec mes chats et mes chiens.

  • Album Bleu (Universal). Dès le 3/9.
  • En concert le 23/10 au Botanique (Orangerie), à Bruxelles, et le 29/8 aux Nuits solidaires, à Namur.

Retrouvez cette interview en intégralité dans le GAEL de septembre, disponible en librairie!

Lisez aussi:

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu des partenaires

Contenu sponsorisé