À la découverte des innombrables trésors artistiques de la Ruhr
Avec 21 musées situés dans seize villes proches les unes des autres, la Ruhr propose 500.000 oeuvres de collections permanentes et 150 expositions annuelles, une palette inépuisable de possibilités de destinations culturelles particulièrement mises en évidence à l’occasion de leur festival 21×21. Par Nicky Depasse.
Le charbon, la fonte et l’acier ont transformé la région de la Ruhr ainsi que les villes médiévales de Duisbourg et Dortmund au point de les relier en une vaste communauté urbaine comprenant, entre autres, Bochum et Essen, où l’industrie a fait exploser la population et la richesse des grands patrons. Parmi ceux-ci, de grands amateurs d’art dont les collections, et parfois les demeures, ont constitué un patrimoine culturel et artistique d’une grande richesse et diversité.
Direction la région de la Ruhr
La Villa Hügel, résidence de la famille d’industriels Krupp, est ainsi devenue un musée qui occupe les 3500 m2 de sa surface habitable, bâtie au début des années 1870 pour la famille d’Alfred Krupp. Au début de la première guerre mondiale, cette propriété de 40 hectares avec un château comprenant 399 pièces et espaces, requérait le travail de 648 personnes pour son entretien et son fonctionnement.
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C’est dans ce lieu prestigieux que les 21 musées de la Ruhr proposent un événement unique en y réunissant leurs plus belles pièces, exposées dans les 11.000 mètres carrés de l’impressionnante villa. Chaque musée ayant développé sa spécificité, la variété d’oeuvres, d’époques et de mouvements offre une vue d’ensemble panoramique à la fois sur l’art et sur la richesse des collections. Le souffle coupé qui vous prend dès l’entrée avec la représentation féminine Grosse Sinnende de Wilhelm Lehmbruck (2017), se prolonge avec Le baiser de Chloé de Marc Chagall (1961), l’aérien et suspendu Flottmann d’Ulrich Möckel (2009) et La jeune fille à l’éventail de Marie Laurencin (1941).
Une exposition à la hauteur de la démesure des lieux et de leur architecture qui nous encourage à faire le tour des musées de cette région plus proche de Bruxelles que l’est Paris.
Paris, il en est d’ailleurs question au musée Emil Schumacher avec une originale et passionnante exposition : Paris 1955. Intitulé Peintures et sculptures non figuratives en Allemagne aujourd’hui, cet événement monté au Cercle Volney à Paris avait autant soulevé la controverse à l’époque où il avait été monté que l’enthousiasme, une fois inauguré le 7 avril 1955. Réunissant une centaine d’oeuvres de 37 artistes abstraits issus d’une Allemagne dont le souvenir de l’occupation était encore frais dans la mémoire des Parisiens, l’exposition avait débouché sur la reconnaissance internationale de ces artistes, alors ignorés dans leur propre pays.
L’art abstrait en Allemagne
En visitant cette reconstitution, on peine à croire que le souvenir de cette exposition ait disparu dans nos contrées et on comprend qu’elle fasse partie de l’Histoire de l’art allemand d’après-guerre. Paris 1955 est à voir jusqu’au 3 août, l’occasion de visiter également la collection permanente des oeuvres d’Emil Schumacher, un des fondateurs de l’art abstrait en Allemagne, dans ce musée de verre qui porte son nom.
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Point de passage obligé, et central, le Musée Folkwang à Essen abrite une des plus importantes collections d’art contemporain en Europe. Outre les 12000 oeuvres d’artistes mondialement célèbres, le musée propose jusqu’au 22 juin une exposition consacrée à la folle histoire d’amour devenue oeuvre d’art entre l’autrichien Oskar Kokoschka, pionnier de l’expressionisme, et Alma Mahler. Veuve du compositeur Gustav Mahler, Alma avait retrouvé la liberté et la légèreté de la bonne société viennoise, son premier baiser avait été pour Gustav Klimt, quand elle rencontra Oskar Kokoschka. Leur relation passionnée et passionnelle prit fin avec la première guerre mondiale.
En tout cas dans le chef d’Alma ne pouvant plus supporter la possessivité et la jalousie de son amant qui, lui, célébra le souvenir de son amour dans une pléthore d’oeuvres, la plus singulière étant le double portrait de lui et de la poupée grandeur nature d’Alma qu’il s’était fait confectionner. Une histoire singulière où se mêle intimement l’art et une souffrance amoureuse obsessionnelle et maladive qui nous vaut une exposition en double portrait, dont celui d’une femme artiste dans un monde d’hommes.
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Les mots manquent pour encore évoquer l’architecture hybride du Osthaus Museum à Hagen, le Museum Ostwall au sommet du U à Dortmund, l’expérimental Kunstmuseum de Bochum avec ses lieux d’échanges, café et rooftop, parmi ces 21 lieux qui célèbrent la déjà longue et vive histoire de l’art contemporain et dont on aurait tort de se priver vu leur proximité.
- 21X21, 21 musées d’art de la Ruhr en dialogue, jusqu’au 27 juillet 2025, Villa Hügel, Essen. Infos ici.
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