Alexe Poukine : “On essaie d’arrêter de s’excuser de vivre, d’être une femme, d’avoir une place ou de la prendre”
Alexe Poukine, la réalisatrice de Sans frapper et Sauve qui peut s’écarte du documentaire et réalise Kika, un premier long-métrage salvateur porté par une héroïne endeuillée (fantastique Manon Clavel) qui trouve sa libération dans le BDSM. Par Juliette Goudot.
3 questions à Alexe Poukine
Au début du film Kika s’excuse beaucoup de tout. Est-ce qu’il y avait l’envie de raconter l’histoire d’une femme qui ne s’excuse plus ?
Oui, c’était d’ailleurs une blague entre Manon (Clavel) et moi. On a encore ce réflexe elle et moi de dire tout le temps « merci, pardon, désolée », dans cet ordre-là. On essaie d’arrêter de s’excuser de vivre, d’être une femme, d’avoir une place ou de la prendre. Kika c’est l’histoire d’une femme qui arrête de s’excuser.
L’idée du film c’était comment vivre avec une vie qui n’est pas celle que vous aviez prévue mais un Plan B ?
Kika traverse un deuil mais ça aurait pu être une rupture. Est-ce qu’il y avait aussi la volonté de montrer le deuil comme le début de quelque chose ?
L’événement scénaristique du deuil m’intéressait car il est irréversible. L’idée du film c’était comment vivre avec une vie qui n’est pas celle que vous aviez prévue mais un Plan B ? c’est pourquoi le film passe de la comédie romantique au drame social puis vers une nouvelle réinvention. Je voulais que le film fonctionne avec des énormes ruptures, comme dans la vie.
Le film bascule vers une libération de l’héroïne par le BDSM (pour Bondage, discipline, domination, soumission, sadisme et sado-masochisme). Vous y croyez ?
Le Bdsm boulverse les normes et nous oblige à bouger en tant que personnes. Les scènes de BDSM sont issues de longs entretiens avec des dominateurs.trices et des travailleurs.euses du sexe. Kika est un mélange de moi et d’un ami travailleur social et dominateur. J’ai participé à un atelier BDSM au Brussels Art Pole et je me suis passionnée pour toutes ces questions. J’ai écrit Kika avec ce paradoxe en tête, observé en travaillant sur l’hôpital puis sur le BDSM : ça veut dire quoi être mal payé pour prendre soin des autres, et inversement être bien payé pour faire mal ? Ça veut dire quoi vraiment prendre soin des autres ? Que fait-on de notre souffrance et de celle des autres ? Ces questions méritent d’être posées. Kika est une tentative de réponse.
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Kika d’Alexe Poukine, en salles partout en Belgique.
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