À découvrir: Monaco & les Napoléon(s), l’exposition qui illumine la principauté
De passage sur la Côte d’Azur cet été? Alors foncez voir l’exposition Monaco & les Napoléon(s). Une plongée historique fascinante, entre pouvoir, histoires d’amour et diplomatie. Une découverte au raffinement princier, à ne surtout pas manquer. Par Nicky Depasse.
C’est un rendez-vous avec l’Histoire, mais aussi avec le faste, l’intime et l’élégance. Cet été, le très chic Forum Grimaldi de Monaco ouvre ses portes à une exposition hors norme : Monaco & les Napoléon(s), un parcours aussi spectaculaire que sensible qui raconte les liens souvent méconnus entre la Principauté et la dynastie Bonaparte. Une plongée dans deux siècles d’échanges diplomatiques, d’influences artistiques et de passions discrètes. Entre Joséphine, Napoléon Ier, Eugénie et les Grimaldi, une grande fresque se déploie, entre grandeur impériale et raffinement princier.
L’écrin idéal pour un destin d’exception
Difficile d’imaginer un lieu plus adapté que le Forum Grimaldi pour accueillir ce voyage historique. Implanté à Monte-Carlo, au cœur de l’un des quartiers les plus prestigieux d’Europe, ce centre culturel aux lignes contemporaines joue ici le rôle d’un écrin subtil pour une scénographie ambitieuse, qui convoque autant le faste des palais impériaux que la douceur méditerranéenne des jardins monégasques. Plutôt qu’une simple rétrospective, les commissaires de l’exposition ont choisi la voie de l’émotion et de la mise en scène. Inspirée de la Légion d’honneur, créée par Napoléon en 1802, et de l’ordre de Saint-Charles instauré par Charles III de Monaco un demi-siècle plus tard, la scénographie prend la forme d’une étoile aux multiples branches. Un motif symbolique, géométrique, autour duquel s’organisent les grandes thématiques de l’exposition : diplomatie, art, pouvoir, amour, mémoire.
Couleurs et symboles : quand l’Histoire devient sensorielle
Chaque branche de cette étoile propose une expérience immersive, presque cinématographique. Les visiteurs passent du bleu nuit d’un débarquement secret au rouge passion d’un bal impérial, du vert tendre des jardins de Malmaison au violet des alliances cachées. Ces codes couleurs ne sont pas là par hasard : ils traduisent une volonté de raconter autrement, de faire ressentir plutôt qu’enseigner. Ainsi, le bleu profond enveloppe le récit d’un épisode romanesque : la rencontre en mars 1815 entre Napoléon Ier, fraîchement évadé de l’île d’Elbe, et le prince Honoré V, sur les rivages du Golfe-Juan. Une scène digne d’Alexandre Dumas, qui illustre le mélange permanent d’Histoire et de légende. Plus loin, le doré s’invite pour évoquer le rayonnement artistique du Second Empire, et la manière dont Napoléon III influença le destin architectural de Monaco.
Joséphine, Eugénie, et les femmes de pouvoir
Dans cette épopée visuelle, les femmes ne sont jamais reléguées à l’arrière-plan. Joséphine de Beauharnais, première épouse de Napoléon Ier, occupe une place centrale. Ses bijoux, ses flacons de parfum, ses souliers délicats sont autant de fragments de vie exposés comme dans une alcôve précieuse. On devine la femme passionnée, protectrice des arts, et on comprend pourquoi elle fascine encore aujourd’hui. Un peu plus loin, c’est l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, qui se dévoile. Élégante, cultivée, stratège, elle laisse son empreinte sur Monaco par le biais de l’urbanisme, du goût et des échanges culturels. À travers elle, l’influence impériale devient féminine, presque sensuelle. Et c’est l’un des charmes de cette exposition : montrer les ramifications de l’Histoire à travers l’intime.
Une Principauté entre éclat et résilience
L’exposition n’oublie pas les moments de bascule : la Révolution française, l’annexion de Monaco, la perte de souveraineté. Mais loin de céder au tragique, le parcours célèbre la résilience de la Principauté. Après la tourmente, viendra le temps du renouveau, avec le retour de l’indépendance en 1814, puis un âge d’or sous Napoléon III. C’est à cette époque que Monaco devient un haut lieu du tourisme d’élite, que son opéra sort de terre et que la Principauté, petit État entre France et Italie, affirme son identité.
Des trésors inédits
Au total, plus de 180 œuvres sont rassemblées. Certaines, comme une pendule automate en forme de cage à oiseau, relèvent du génie horloger et artistique. D’autres, plus intimes comme des lettres manuscrites, des bijoux, des accessoires, nous touchent par leur fragilité. Le parcours réussit le tour de force d’allier majesté et émotion. Chaque objet, qu’il ait appartenu à Napoléon ou à une dame de cour, est porteur d’une histoire. La scénographie elle-même enveloppe le visiteur. Sons feutrés, lumières tamisées, parfums discrets. On se surprend à ralentir le pas, à tendre l’oreille, à s’attarder. Monaco & les Napoléon(s) se savoure comme un roman historique, dont les chapitres sont faits de soie, de marbre et de secrets.
Des fresques surgies du silence
Et puis, il y a ce trésor inattendu. Au palais princier, récemment restauré, des fresques du XVIIIe siècle ont été découvertes sous plusieurs couches de plâtre. C’est un événement en soi. Ces œuvres murales, désormais visibles lors de visites guidées, viennent enrichir le récit de l’exposition. On y voit des scènes mythologiques, des motifs floraux et même des portraits d’ancêtres de la famille Grimaldi. Leur restauration a été confiée à des experts passionnés — que l’on a pu observer au travail — et le résultat est stupéfiant. Les couleurs vibrent à nouveau, les détails refont surface, les gestes des artistes d’autrefois semblent réapparaître sous nos yeux. Ces fresques sont bien plus qu’un décor : elles sont la mémoire vivante d’un lieu qui n’a jamais cessé de croire en son propre destin.
Un été impérial à Monaco
Monaco & les Napoléon(s) ne s’adresse pas uniquement aux passionnés d’Histoire. Elle parle à toutes celles et ceux que les destins d’exception inspirent, que l’art émeut, que la beauté touche. Alors oui, on ressort émerveillée. Avec des images plein les yeux, mais aussi une émotion sourde, comme si les fantômes de l’Histoire nous avaient frôlés. Et c’est là, peut-être, la vraie réussite de cette exposition : faire renaître les figures du passé non pas dans les livres, mais dans l’éclat d’un bijou, un éclat de voix, une lumière dorée sur la Méditerranée.
Monaco & les Napoléon(s), à découvrir jusqu’au 31 août 2025.
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