Témoignage: Sanne a fait appel à un donneur de sperme pour avoir des enfants

En Belgique, il est possible d’avoir un enfant via une banque de sperme. Mais un père biologique sans visage, c’est aussi une série de questions sans réponses...

Combien de vos caractéristiques sont déterminées par la génétique et combien par l’environnement dans lequel vous avez grandi ? Peut-être que pour vous, les choses sont limpides et la question sans grande importance. Mais si un jour, vous deviez apprendre que vous êtes l’enfant d’un don de sperme anonyme et que vous partagez 50 % de votre ADN avec un inconnu, ce lien génétique deviendrait tout à coup très pertinent, comme une tache aveugle remplie d’informations auxquelles vous n’auriez pas accès.  Steph (43 ans), nous racontait ici son parcours d’enfant de donneur de sperme. Sanne, 49 ans, nous raconte comment elle a fondé sa famille en ayant recours au don anonyme.

Mère célibataire par choix

Il y a des parents qui désirent un enfant et peuvent fonder un foyer heureux grâce au don de sperme, comme Sanne (49 ans). Elle désirait plus que tout avoir des enfants, mais n’avait pas de partenaire. « J’avais été en couple plusieurs fois, mais jamais avec quelqu’un avec qui je me voyais finir ma vie, et encore moins avoir des enfants. À 39 ans, j’ai rencontré une femme qui était mère célibataire par choix et qui avait bénéficié d’un don de sperme anonyme. J’ai décidé de faire pareil. Vu mon âge, je ne pouvais plus attendre. Je suis allée dans une clinique où j’ai eu un examen psychologique, mais il n’était pas très poussé. Quand j’ai rencontré mon gynécologue la première fois, je l’ai trouvé bourru, mais il a finalement été très attentif et compréhensif : “Qui suis-je pour décider que vous n’auriez pas le droit d’avoir un enfant ? Nous ne nous en mêlons pas quand il s’agit de couples normaux. Si ma fille était dans votre situation, je voudrais que quelqu’un l’aide.” »

Donner danois

« Au deuxième entretien, j’ai dû compléter un formulaire avec mes desiderata quant au donneur, les caractéristiques physiques que je trouvais importantes. Sa taille, la couleur de ses yeux... Ils cherchent alors une correspondance dans leur base de données. Je voulais deux enfants, et il était primordial pour moi qu’ils soient du même donneur, afin d’être vraiment frère et sœur. Une fois tout fixé, ils s’en sont occupés pour moi et ont choisi quelqu’un au Danemark. On peut aussi choisir un donneur belge, mais le temps d’attente est plus long. Ensuite, il y a eu tout le processus du traitement hormonal, les inséminations, les échographies, revenir le lendemain, attendre deux semaines et revenir faire un test... Un temps interminable. On ressent tous les symptômes d’une grossesse, sans savoir si on est enceinte. Finalement, tout s’est bien passé et j’ai deux enfants formidables : un garçon de 10 ans et une fille qui en a 8. »

« Qui sait, nous ferons peut-être un road trip au Danemark pour leur faire connaître leur pays d’origine. »

Introuvable

Sanne a reçu le sperme d’un donneur complètement anonyme. « Il est introuvable. Je suis moi-même adoptée, donc je sais bien ce que c’est de ne pas savoir qui est votre père ou votre mère. Je dis à mes enfants, qui sont au courant, que c’est normal d’avoir du chagrin parfois. Cela ne me blesse pas. Il n’y a aucun tabou. Depuis qu’ils sont tout petits, ils savent qu’il y a un monsieur, dans un pays lointain, qui a “donné ses petites graines à maman”. Autour de moi, les gens sont parfois inquiets. Les enfants ne connaîtront jamais leur vrai père : ne vont-ils pas avoir des problèmes ? C’est vrai. Et en effet, ce n’est pas rien. Mais avoir un père qui ne s’occupe pas de vous, c’est problématique aussi. Récemment, mon fils m’a dit qu’il y avait plein d’enfants de parents séparés dans sa classe qui déménageaient toutes les semaines et qu’il était content de ne pas être comme eux. Il accepte la situation, il aime être avec moi. Être maman en solo n’est pas toujours facile, mais il y a peu de familles où tout est parfait. Tant que mes enfants sont heureux et ont des amis, je pense que nous nous en sortons bien. Et quand la puberté viendra et qu’ils poseront des questions, j’aviserai. Ils savent qu’ils peuvent tout me dire. Rien n’est tabou. Qui sait, nous ferons peut-être un road trip au Danemark pour leur faire connaître leur pays d’origine. »

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