Diagnostic, traitement: ce qu’il faut savoir sur le syndrome du côlon irritable

Un Belge sur 10 souffre du côlon irritable, cette maladie qui provoque des maux de ventre terribles et une sensation quasi permanente de ballonnement, quand elle n’oblige pas à sprinter jusqu’aux toilettes. Difficile à identifier, elle est aussi réputée incurable. Mais la recherche médicale a fait des progrès qui donnent de l’espoir à de nombreux patients.

« Je ne compte plus les fois où, ces vingt dernières années, j’ai dû courir pour arriver à temps aux toilettes, ou celles où je me suis presque évanouie de mal au ventre », lance Kim (42 ans). Elle était encore étudiante quand on lui a diagnostiqué le syndrome du côlon irritable (SCI). Kim n’est pas la seule à être incommodée par les effets très désagréables du SCI, une maladie du système gastro-intestinal qui peut avoir un impact majeur sur le quotidien de ceux qui en souffrent.

Une maladie qui touche davantage les femmes

Le professeur Heiko De Schepper travaille dans le service des maladies gastro-intestinales d’un hôpital universitaire et mène des recherches sur le SCI. Il constate quotidiennement combien les personnes souffrent de ces symptômes : « Le syndrome du côlon irritable est une affection qui a un impact énorme sur la qualité de vie des patients. Pour certains d’entre eux, les symptômes restent assez légers, mais il y a aussi des personnes qui ne peuvent plus sortir et doivent passer toute la journée au lit. » Le SCI n’est pas sélectif, tout le monde peut l’attraper. Le professeur De Schepper : « Dans ma consultation, je vois aussi bien des mamies de 80 ans que des ados de 16 ans, tous avec les mêmes symptômes. Globalement, la maladie frappe un peu plus les jeunes et les femmes. Il est difficile d’expliquer pourquoi. Peut-être y a-t-il un lien avec les effets de la circulation hormonale, qui sont différents chez les femmes ? »

Des symptômes très variés

Le spécialiste explique que les gens ont des plaintes très diversifiées : « Certains se plaignent d’avoir très mal, d’autres ont surtout des soucis de transit intestinal et de selles, d’autres encore souffrent de ballonnements. Ce dernier symptôme n’est pas un critère de diagnostic, mais nous constatons que les patients en souffrent souvent. Se sentir gonflé à longueur de journée peut être très désagréable. » Le diagnostic de syndrome du côlon irritable n’est pas facile à établir, car les résultats d’analyses ne sont en général pas différents de ceux de personnes en bonne santé. Le diagnostic se fait donc uniquement à partir des plaintes des patients. Celles-ci sont extrêmement claires, ajoute le médecin : « Le mal de ventre est la principale caractéristique de la maladie. Pour qu’un diagnostic soit posé, la douleur doit être chronique depuis au moins six mois et se manifester régulièrement. La douleur va généralement de pair avec des selles anormales. Cela peut être de la diarrhée ou de la constipation, ou un mélange des deux. Mais la douleur est un facteur décisif. »

« Il faut bien dire que certains aliments et boissons font plus travailler le système digestif, comme les plats piquants, l’alcool, le café et les repas très copieux. »

La douleur survient souvent après le repas. On peut logiquement se demander si le syndrome du côlon irritable est provoqué par certains aliments. Pour le professeur De Schepper, il existe de nombreuses différences selon les individus, mais il est tout de même démontré qu’il y a des aliments qui sollicitent davantage les intestins que d’autres : « Il faut bien dire que certains aliments et boissons font plus travailler le système digestif, comme les plats piquants, l’alcool, le café et les repas très copieux. Ils peuvent déclencher les symptômes, mais on ne peut pas affirmer pour autant qu’ils sont la cause de l’irritabilité du côlon. La recherche indique que ce sont surtout certains sucres qui en sont responsables. On peut les trouver dans des aliments évidents, comme les bonbons et les softs, mais aussi dans certains auxquels on ne s’attend pas, comme des fruits et même certains légumes. Notre corps n’est pas toujours bien équipé pour décomposer ces sucres, les digérer et les utiliser comme source de nutrition. »

Des solutions existent

Le professeur De Schepper : « On pense trop souvent que la maladie est incurable, alors qu’actuellement, il existe tout de même pas mal de thérapies qui donnent de bons résultats. De nombreux médecins sont déjà soulagés de pouvoir exclure un cancer digestif ou la maladie de Crohn et renvoient leurs patients chez eux en leur disant d’apprendre à vivre avec le SCI. De plus, le traitement est peu gratifiant pour le médecin, justement parce qu’il n’y a pas de résultats quantifiables. Si quelqu’un a un ulcère, on peut le traiter et en tant que médecin, on voit un résultat. Mais soigner un SCI est un processus d’essai-erreur. »

Et pourtant, solliciter une aide spécialisée en vaut la peine. Jusqu’à nouvel ordre, le côlon irritable est une maladie incurable, mais les résultats des recherches pour d’éventuels traitements des symptômes sont prometteurs. Le professeur De Schep- per : « Il n’y a pas un remède officiel, puisque la cause reste inconnue. Mais ce que nous sommes en mesure de faire, c’est tenter de contrôler les symptômes de plusieurs manières. On peut aider certains patients grâce à un régime ou à des médicaments pour apaiser les intestins. Les aliments potentiellement fauteurs de trouble sont répertoriés sous le dénominateur de “FODMAP”. Pour d’autres patients, nous prescrivons des analgésiques qui ne sont pas spécifiquement destinés au système digestif.

  • POUR ALLER PLUS LOIN : LE RÉGIME FODMAPS, DR SUE SHEPERD, DR PETER GIBSON, ÉD. MARABOUT.

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