5 conseils pour éviter les discussions familiales gênantes à Noël

Afin que les réunions de famille ne se transforment pas en champs de mines, que génération woke et boomers ne se prennent pas le chou entre cadeaux foireux et foie gras/faux gras, voici quelques règles à adopter pour éviter les tirs croisés.

Pas évident lorsque, au repas de Noël, on se retrouve face à des membres de la famille qu’on n’a plus vus depuis un bout de temps. Difficile dans ce contexte de se parler ouvertement, surtout après cette pandémie qui a mis nos compétences sociales à rude épreuve... 5 conseils de la philosophe belge Tinneke Beeckman pour anticiper et éviter les conversation gênantes.

Ne pas se laisser enfermer dans un rôle

L’obstacle « Comme, au fil du temps, chaque membre de la famille a intégré un rôle — la maman enthousiaste, la grande sœur soucieuse des plus jeunes, le petit dernier capricieux —, toute conversation entre eux suit rapidement un schéma consacré, souligne Tinneke Beeckman.

La stratégie Pas facile, cependant, de lutter contre le modèle établi de conversation familiale. Tinneke Beeckman : « Même si, hors du contexte familial, vous êtes devenu une autre personne, dès que vous vous retrouvez tous réunis, les relations se fondent généralement dans le moule habituel. C’est pourquoi, si l’on prend la peine de les observer avec un peu de recul, beaucoup de conversations entre membres d’une famille ont l’air d’être une répétition ou une variante d’une même chose. Mais quel que soit le cas, il est intéressant d’observer le langage corporel et le débit de la parole. C’est déjà révélateur du rapport entre les individus.

Si vous souhaitez instaurer une autre dynamique, réfléchissez à votre attitude et essayez d’en changer de façon délibérée. Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais votre comportement physique influence lui aussi le cours de la conversation. Quant au besoin de changement, il est sans doute amplifié par le sentiment de devoir parfois adopter des positions qui ne correspondent plus à vos valeurs. Essayez avant tout de vous rester fidèle et de parvenir à avoir une conversation enrichissante dans laquelle chacun trouve autant que possible ce qu’il cherche. »

Évitez le langage provocateur

L’obstacle Il y a peu de lieux où les échanges entre générations sont autant favorisés qu’autour d’une table de fête. Reste à savoir si les histoires du grand-père supporter historique du RRC Stockay-Warfusée seront compatibles avec celles du globe-trotteur trentenaire ou de l’adolescent accro à TikTok.

La stratégie Ce qui est particulièrement important ici, c’est que chaque génération soit consciente que le point de vue qui est le sien est le produit des conditions de vie et de l’idéologie ambiante dans lesquelles elle a grandi. Et qu’il en va de même pour toutes les personnes autour de la table. Et qu’il est donc logique que les opinions diffèrent lorsqu’on aborde des thèmes tels que la cancel culture ou le célibat volontaire. Pour Tinneke Beeckman, « ce dont les discussions entre générations peuvent vraiment se passer, ce sont les jugements ou les propos exagérés qui, d’office, font passer un message connotatif ». Pour la philosophe, mieux vaut donc, ce Noël, s’abstenir de parler de boomers, de millennials et de wokies.

« Essayez plutôt d’adopter une attitude d’ouverture et de non-jugement vis-à-vis de votre interlocuteur et de comprendre les raisons qui l’ont poussé à avoir telle ou telle opinion. Dans la conversation, restez fidèle à vos valeurs et exprimez-les librement, mais sans porter atteinte à l’opinion de l’autre et sans la considérer d’emblée comme moins valable. Écoutez et restez ouvert au dialogue. »

Gare aux sujets politiquement chargés

L’obstacle Pourquoi les conversations lors de réunions de famille sont-elles devenues plus compliquées ? Parce que les sujets clivants occupent une place de plus en plus centrale dans le débat public. Éviter de débattre de ces thèmes devient quasi impossible. Et encore plus ne pas avoir d’opinion. » À quoi cela est- il dû ? « Au fait que les gens — plus encore les jeunes — expriment, aujourd’hui plus qu’hier, leur identité à travers les opinions qu’ils ont sur ce genre de “sujets socialement pertinents”.

La stratégie Selon Tinneke Beeckman, vous charger, en maître accompli de la conversation, de mettre sur la table des sujets du style #me-too ou « privilège blanc » n’est pas une excellente idée : « Parler de politique déclenche généralement beaucoup d’émotions. Ajoutez à cela un repas riche en graisses et en sucre et les nombreux verres d’alcool qui l’accompagnent, et tout est réuni pour que les esprits s’échauffent vite. Ce qui n’est pas l’idéal pour une célébration qui parle de miséricorde et de pardon... Les dissensions politiques au sein des familles peuvent aussi masquer d’autres factures. Derrière une discussion animée sur nos gouvernants se cachent parfois des questions plus profondes, plus personnelles, plus douloureuses. Ce qui explique pourquoi les débats politiques sont des sujets délicats qui peuvent facilement dégénérer. En être conscient vous permettra d’éviter de tomber dans ce piège. »

Ne zappez pas les banalités

L’obstacle « Comment ça va ? Bien ? Et les enfants ? »... La perspective de cet incontournable blabla vous crispe déjà ? Eh bien, mieux vaut vous préparer à ce genre de propos — surtout post- crise sanitaire —, car, aussi énervant ou pénible que cela paraisse, parler de tout et de rien a une réelle utilité.

La stratégie « Échanger des banalités est très important : cela permet de prendre la température de l’eau avant de plonger, explique Tinneke Beeckman. Comment l’un ou l’autre se sent- il ? Quelle est l’ambiance ? Dans quel état d’esprit se trouve votre interlocuteur ? Ce sont là autant de sujets importants dont il faut tenir compte avant de passer à une conversation plus profonde.» Contrairement à ce que l’on pourrait penser, un bavardage apparemment banal contient souvent beaucoup d’informations précieuses sur la personne en face de vous : « Ce qu’elle a fait ce jour-là ou comment elle a vécu la pandémie vous en dit long à son sujet : qui elle est en tant qu’individu, ce qui est important pour elle et comment elle fait face à ce genre de situation. Et c’est précisément cela qu’on cherche dans une vraie conversation : apprendre quelque chose sur l’autre en tant qu’être humain, et de préférence dans un contexte où l’on n’a soi-même pas peur de se montrer tel qu’on est. »

Ne vous laissez pas gaver contre votre gré

L’obstacle Réussir une fête de Noël dans notre cercle familial est une chose. Mais que faire lorsqu’on se retrouve avec une belle-famille dont les valeurs ne correspondent pas vraiment aux nôtres ?

La stratégie Ici encore, Tinneke Beeckman conseille de ne pas nous perdre de vue : subir un gavage au foie gras malgré nos principes ou nous rallier à une opinion avec laquelle on n’est pas 100 % à l’aise n’est pas une stratégie gagnante. Par ailleurs, il faut aussi se méfier de soi : « Ne vous cramponnez pas à vos idées préconçues. Toute conversation est inconsciemment influencée par le dialogue intérieur qui se joue dans la tête de chacun des participants. Si vous avez des préjugés à l’égard de votre belle-famille, les chances d’avoir avec elle une bonne et agréable conversation seront faibles, car vous ne lui en donnerez pas l’occasion »

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