Botox avant 35 ans: quelles conséquences sur le long terme?
Les injections de botox ont le vent en poupe auprès des moins de 35 ans. Mais que risque-t-on à s’injecter de tels produits à un aussi jeune âge?
Il semble que tout le monde se soit mis progressivement aux fillers et au Botox ; le tabou qui existait il y a quelques années encore a pratiquement disparu. Selon le Dr Vermeylen, chirurgien plastique, c’est en grande partie dû aux réseaux sociaux.
« La promotion sur les réseaux sociaux — pensez aux Kardashian — a fait pencher la balance. Certaines personnes se font injecter trop souvent du Botox et/ou des fillers en quantités excessives, avec des conséquences médicales, esthétiques et psychologiques. » Chelly Maes, chercheuse en sciences de la communication (entre autres à l’Université de Caroline du Nord), le confirme : « Les études montrent un lien constant entre la consommation de contenus — sur les réseaux sociaux comme via les médias traditionnels et la publicité — et le désir de recourir à la chirurgie esthétique, surtout chez les jeunes adultes (19-30 ans). Plus l’exposition aux images idéalisées est grande, plus les individus se regardent de façon critique, deviennent conscients de leur apparence, passent du temps devant le miroir et se comparent à ces idéaux de beauté. Des idéaux qui récoltent en outre davantage de likes et de commentaires, ce qui accroît la pression pour s’y conformer. Comme les traitements sont aujourd’hui moins invasifs, plus accessibles et financièrement abordables, la marche à franchir paraît d’autant plus petite. »
Attention aux tendances
Mais, nuance la chercheuse, la pression sociale et les tendances sont de mauvaises motivations. « Si vous le faites pour suivre une mode, il y a de fortes chances pour que vous soyez rapidement à nouveau insatisfait. Après tout, les idéaux de beauté sont changeants. Dans les années 90, tout le monde voulait être aussi mince que Kate Moss, puis les Kardashian sont arrivées avec leurs formes généreuses et aujourd’hui, nous évoluons à nouveau vers des silhouettes plus minces et plus toniques. »
Quels sont les risques du Botox et des fillers ?
Le Dr Vermeylen constate une différence générationnelle marquée entre les attentes des patients jeunes et celles des patients de 35 ans et plus. « Les jeunes veulent que leur traitement soit visible, c’est un symbole de statut social dont ils se vantent. Ils ont donc souvent recours à des doses excessives de Botox et de fillers. La génération plus âgée est plus conservatrice : elle souhaite retarder autant que possible les interventions chirurgicales et utilise les fillers pour camoufler les irrégularités de contour. Mais le vieillissement cutané continue. Si l’on persiste avec les fillers, on obtient le fameux pillow face : un visage gonflé, artificiel. »
Mais le vieillissement cutané continue. Si l’on persiste avec les fillers, on obtient le fameux pillow face : un visage gonflé, artificiel.
Notre expert estime qu’il y a peu de raisons de traiter les jeunes, sauf en cas de malformations congénitales. Il s’oppose également au Botox préventif : « Le Botox est un paralysant musculaire. À long terme, les muscles s’atrophient (deviennent plus fins et moins puissants, NDLR), laissant apparaître les contours du crâne, comme chez les très vieilles personnes. Une personne dans la vingtaine qui se fait injecter du Botox quatre fois par an pendant vingt ans n’aura pas l’air, à 40 ans, plus jeune que son âge, au contraire. » C’est pourquoi le Dr Vemeylen recommande de laisser régulièrement s’estomper l’effet du Botox afin que les muscles puissent à nouveau se renforcer. Il est également prudent avec les fillers: « Ils étirent la peau lorsqu’on en abuse, créant un besoin croissant et augmentant le risque de migration (le déplacement indésirable du produit injecté, NDLR) ».
C’est quoi, le phénomène de migration des fillers?
Ce risque de migration est bien réel. Les fillers peuvent se déplacer vers d’autres zones (#fillermigration est une recherche tendance sur TikTok et YouTube). De plus, certains s’estompent beaucoup moins rapidement que prévu, ou que ce que prétendent les fabricants. C’est ce qu’a constaté la journaliste britannique Alice Hart-Davis, spécialisée dans les traitements esthétiques. Elle a passé une IRM de son visage, qui a clairement montré la présence de produits de comblement injectés il y a plusieurs années. Sur son site The Tweakments Guide, elle écrit : « Nous partons du principe que les produits de comblement dermiques sont un traitement temporaire, dont les résultats durent au maximum douze mois. » Il faut donc répéter le traitement si l’on souhaite conserver les résultats, comme des lèvres plus pulpeuses.
Les risques des fillers
La journaliste ne rejette pas les fillers, mais recommande une utilisation plus prudente : « Avez-vous réellement besoin d’un traitement d’entretien ? Et surtout, qui réalise ce traitement ? » Il est essentiel de faire appel à un médecin esthétique expérimenté et qualifié, membre d’une association professionnelle, afin de limiter au maximum les risques. Ces médecins travaillent dans une perspective à long terme et se concentrent non pas sur la beauté, mais sur la santé de la peau. Car même si les produits de comblement sont souvent présentés comme des interventions simples, le Dr Vermeylen souligne qu’ils comportent des risques réels, comme vous pourrez le lire dans les récits de nos témoins, Jean et Michèle (leurs noms ont été modifiés), qui ne se tournent plus vers des solutions rapides, mais misent désormais sur des techniques d’amélioration de la peau, telles que la thérapie par lumière LED.
Les traitements miracles peuvent donner instantanément une meilleure apparence, mais ils ne renforcent pas la peau : à long terme, ils peuvent même l’affaiblir.
Les traitements miracles peuvent donner instantanément une meilleure apparence, mais ils ne renforcent pas la peau : à long terme, ils peuvent même l’affaiblir. En revanche, il existe une offre croissante de traitements innovants et non invasifs qui misent bel et bien sur l’amélioration de la peau. Les techniques basées sur les exosomes ou les polynucléotides et les traitements au laser stimulent la capacité naturelle de régénération de la peau, activent la production de collagène et d’élastine et contribuent ainsi à une structure cutanée visiblement plus saine et plus ferme. Cette approche gagne rapidement en popularité, car elle offre des résultats plus durables. C’est pourquoi nous nous concentrons dans ce dossier sur les traitements qui ne se contentent pas de masquer les imperfections, mais qui renforcent la peau de l’intérieur.
Retrouvez ce dossier en intégralité et bien plus encore dans le GAEL d’octobre disponible en librairie.
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