Beauté: quand les cosmétiques boostent notre humeur
Des soins et parfums qui ne se contentent pas de nous embellir mais donnent aussi un coup de pouce à notre bien-être intérieur. Juste une promesse marketing? Pas selon la science. Bienvenue dans l’air des cosmétiques qui boostent l’humeur. Texte: Sophie Albrecht.
Et si certains cosmétiques avaient le pouvoir de jouer sur nos sentiments, à la manière de baumes apaisants, de soutien à la concentration ou encore de nous apporter un joli boost de bonne humeur ?
Parfums: une connexion odorat/bien-être
Depuis la pandémie, le parfum a acquis une nouvelle dimension : il nous procure réconfort, détente et nostalgie. Ce qui a amené le fabricant de parfums DSM-Firmenich a mené une vaste enquête auprès de 12 000 personnes provenant de 20 pays différents. Il en ressort que 70 % de nos décisions quotidiennes sont directement influencées par nos émotions. « Les odeurs déclenchent des émotions fortes, confirme le Dr Christelle Porcherot, scientifique en chef de l’entreprise. Les molécules odorantes sont captées par les récepteurs nasaux, qui envoient des impulsions électriques au système limbique, la partie du cerveau où se situent nos émotions, notre mémoire et nos souvenirs. Il existe une connexion directe entre le nez et le cerveau, ce qui explique le lien étroit qui unit les odeurs et les émotions. »
Il existe une connexion directe entre le nez et le cerveau, ce qui explique le lien étroit qui unit les odeurs et les émotions.
Mais cette relation s’avère très complexe, prévient l’experte : « Tout le monde ne réagit pas de la même manière à une odeur. Notre réaction dépend du contexte et des expériences vécues. » De plus, chacun exprime ses ressentis différemment. DSM-Firmenich a alors mis au point une échelle de 9 émotions fondamentales (incluant la sensualité, l’apaisement et la concentration) en collaboration avec l’Université de Genève. Cette échelle a été utilisée par 1 million de consommateurs pour répertorier 40 000 odeurs. Les résultats ont été encodés dans un logiciel qui aide aujourd’hui les parfumeurs à développer des fragrances de manière plus précise.
Le célèbre parfumeur Florian Gallo a, par exemple, créé une série de parfums visant à améliorer la concentration. « Ils contiennent principalement des arômes floraux musqués. Bien qu’elles soient réputées pour leurs vertus énergisantes, les notes d’agrumes se sont finalement avérées contreproductives. Les effets de ces ingrédients et de leurs associations ont également été étudiés et prouvés. Une fois incorporés dans une formule, leurs bienfaits sont mesurés à l’aide de tests neuroscientifiques, physiologiques et psychologiques. Les clients exigent de plus en plus de transparence et de preuves tangibles. »
D’autres acteurs majeurs de l’industrie ont adopté cette approche neuroscientifique en vue d’élaborer de nouveaux parfums. Comme le fabricant suisse Givaudan. L’entreprise a développé MoodScentz+, une technologie capable de composer des fragrances qui renforcent certaines émotions. L’IFF (International Flavours and Fragrances) travaille avec le laboratoire SleepScore en vue de lancer des parfums qui améliorent la qualité du sommeil. D’une manière générale, la science joue désormais un rôle considérable dans l’industrie de la parfumerie.
La peau : véritable prolongement du cerveau
Le nez n’est pas la seule partie de notre corps à entretenir un lien direct avec notre tête : la relation qui unit peau et cerveau semble, elle aussi, très profonde. Premier point commun : ils proviennent du même tissu embryonnaire, l’ectoderme. La peau compte 800 000 neurones et 2 000 récepteurs sensoriels et fonctionne comme un prolongement du cerveau. Rien d’étonnant dès lors à ce que les cosmétiques puissent booster humeur et sentiments. « Nos émotions influencent notre peau et vice versa, affirme Erin Doherty, directrice de la communication chez Sisley.
Nous rougissons lorsque nous sommes intimidés, nous rayonnons quand nous tombons amoureux et notre peau devient terne quand la fatigue s’installe.
Nous rougissons lorsque nous sommes intimidés, nous rayonnons quand nous tombons amoureux et notre peau devient terne quand la fatigue s’installe. Au fil des années, ces émotions s’ancrent sur notre visage : le stress accentue les rides, une fatigue chronique se manifeste par un relâchement cutané et la tristesse rend la peau terne. Ce lien entre la peau et les émotions nous a inspiré la création d’une nouvelle ligne de soins. Nos laboratoires ont passé dix ans à étudier comment les ingrédients, les parfums et les textures affectent les cellules (comme nos neurones), la peau et le sentiment de bien-être ». Baptisée Neuraé, cette gamme est une réponse aux interactions entre peau, cerveau et émotions. Les produits contiennent des ingrédients neuroactifs stimulant les capteurs présents dans la peau qui envoient des signaux au cerveau.
La neurocosmétique n’a rien de nouveau. Le groupe japonais Shiseido étudie depuis les années 1980 l’influence des parfums sur le système nerveux, le système immunitaire et l’équilibre hormonal. « Nous savons que le stress mental affecte les cellules, explique Nathalie Broussard, responsable de la communication scientifique de Shiseido. Le groupe intègre ses connaissances dans divers produits depuis des années. Parmi eux, le sérum anti-âge Ultimune doté d’un parfum antistress, dont les bienfaits ont été démontrés par des scanners cérébraux. »
Outre les textures et les parfums, certains ingrédients présents dans les cosmétiques ont un impact direct sur notre humeur. Comme le menthol qui nous revigore, le CBD et ses vertus apaisantes ou encore les propriétés anti-inflammatoires de certaines plantes adaptogènes. Les dernières découvertes prouvent que certains ingrédients naturels ont un impact sur la peau et l’esprit : ils peuvent apaiser (comme le poivre de Timut), imiter les effets du soleil (comme le Rootness Mood+) ou stimuler les molécules du bonheur comme les endorphines et l’ocytocine (Sepibliss Feel).
Make-up: une palette d’émotions
Autre constat en temps de crise : les ventes de maquillage, particulièrement de rouges à lèvres, augmentent considérablement. Un phénomène connu sous le nom de « lipstick effect ». Les études ont démontré que le maquillage aide les femmes à se sentir plus sûres d’elles. Personne ne conteste l’impact d’une touche de couleur sur notre moral, mais le maquillage contribue-t-il réellement à notre bonheur ? « C’est un peu plus complexe que cela, estime la maquilleuse Peggy Timmermans. Le rouge à lèvres rouge est souvent perçu comme un symbole de sensualité et d’estime de soi.
Au-delà de cette interprétation symbolique, ces cosmétiques accentuent aussi le flux sanguin au niveau des lèvres, soit un signal biologique d’excitation. Tout comme ils boostent l’humeur. J’utilise le rose pour créer un style doux et romantique et les teintes orangées pour un maquillage plus peps. Tandis que le vert inspire le calme et le bleu la sérénité. » Bien évidemment, il serait trompeur de dire que nous nous maquillons uniquement en fonction de nos émotions. Les tendances jouent également un rôle important. « On observe beaucoup de nuances pastel sur les défilés. Mais cela relève plus de la tendance que de la symbolique », poursuit l’experte. Même si, il faut le dire, les tendances sont aussi révélatrices de notre époque…
Smart routine
Les rayons beauté débordent de soins et cosmétiques intelligents qui chouchoutent la peau et boostent l’humeur comme les émotions.
€ 130
En plus d’une huile (140 €) et d’un sérum (150 €), la marque de soins Neuraé propose trois crèmes rechargeables (130 €/50 ml, recharge : 105 €) et des roll-ons qui stimulent nos émotions (50 €) : Joie (pour plus d’éclat), Énergie (pour une peau plus ferme) et Sérénité (pour atténuer les rides). Des cosmétiques qui soignent directement notre humeur.
On continue en beauté:
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