Prix littéraire Gael: l’avis du jury

En septembre, les auteures sont à l’honneur dans Gael. Pour poursuivre cette sélection 100 % féminine, l’avis du jury sur Mère de l'année !, de Line Alexandre.

Delphine Motte

"Les américains ont tout inventé: le coca, le hamburger, les brownies... Sans oublier le concours de la mère de l’année qui avait inspiré les dames du diocèse et où Chris avait envoyé mon nom en cachette. "

Le cadre du roman est ainsi dressé et la place de la femme aussi: elle doit être mère au foyer aux petits soins pour sa famille. On se rend vite compte que les candidates au concours essayent de faire bonne figure mais que, comme dans la vie de tout un chacun, tout n’est pas parfait.

Le concours sert pour l’héroïne de prise de conscience mais, au moment où l’on espère qu'elle va prendre son destin en main et réaliser ses rêves, elle reste bloquée dans sa vie faite de mensonges et de bienséance.

Je n’ai pas été prise par ce roman. C’est assez insipide. Pour moi l’auteur explore différentes pistes sans en choisir une et finalement l’histoire n’aboutit pas.

Julie Matagne

Un roman dont la narratrice participe à un concours qui a pour objectif de "rendre aux femmes le merveilleux rôle de mère et d’épouse dont s’acharne à les départir une société laïque de plus en plus perverse", voilà qui promettait d’être drôle.

On imaginait déjà la féroce ironie, la farce rocambolesque, le désir subversif de l'auteure qui allait renverser l’autel et nous sortir tête haute de nos cuisines. Mais non. En réponse aux invocations délirantes à la Vierge immaculée, rien que la grande humilité d’une cruche ("avec Francis Cabrel, l’amour est beau jusqu’à la tragédie").

Bon, peut-être les sujets de la mère parfaite et de la foi étaient-ils encore trop sensibles, mais où diable l’auteure voulait-elle en venir alors, se demandait-on avec perplexité.

Line Alexandre, si elle n’approuve pas les visions trop étroites du dogme chrétien, n’est pas prête à secouer le joug de cette ambition "sacrée" de sacrifier sa vie à la chair de sa chair. C’est pourquoi nous assistons désolée, plutôt qu’au sacre d’une reine, au refoulement des secrets de famille. Avec de la patience et de l’amour, on arrive à bout des pires difficultés, insiste la morale de l’histoire, qui ne peut pas s’élever bien haut encombrée d’un personnage aussi fade qu’une hostie. Dommage, parce que le récit était bien mené et le style sans faute de goût.

Anne Meyer

Une amie de Lisa l'inscrit, à son insu, au concours de la meilleure mère de l'année. Son intention: lui faire prendre conscience qu'il n'est pas aussi facile d'être une bonne mère! Un peu étonnée mais fière d'être sélectionnée, Lisa se rend au concours alors qu'elle n'a jamais quitté ni mari, ni enfants. Elle y rencontre une dizaine d'autres candidates, répond à des questionnaires, passe des tests sur la vie familiale, l'éducation, ses activités, sa disponibilité.... Son objectif: faire de ses enfants des citoyens du monde. Son modèle: Hillary Clinton.

Mais au moment du buffet dinatoire, un événement inattendu vient bouleverser le cours des choses: l'arrivée de son mari, accompagné de... Et c'est la panique: Lisa va -t-elle devoir renoncer au fameux concours et dévoiler ce qui constituerait une bombe? 

C'est alors que le lecteur découvre que même la mère qui semblait la plus vertueuse a également ses secrets et ses blessures...

Line Alexandre, romaniste devenue écrivain après avoir enseigné, nous fait partager une histoire simple et touchante sur l'amour maternel et le regard  porté sur le statut de mère. Un style enlevé, un vocabulaire sans prétention donne à ce roman l'envie d'y découvrir cette tranche de vie ordinaire mêlée d'imprévus.

Catherine Hénaut

Pourquoi soudain, alors qu’ils semblaient enfouis bien profondément, de si lourds secrets de famille viennent-ils à nouveau titiller la mémoire ? Sans qu’on lui demande son avis, Lisa a été choisie parmi les mères de sa paroisse pour participer à l’élection de la meilleure mère de l’année, concours organisé par une association créée aux États-Unis. À la fierté de suivre les pas d’Hilary Clinton, son modèle préféré, va succéder une période de doutes quant à ses véritables qualités de "bonne" mère.

Et c’est à son père, disparu dans des circonstances dramatiques, que Lisa va s’adresser et à qui elle évoquera les blessures qui la font souffrir depuis la plus tendre enfance et que sa mère, au cœur de pierre, n’a pas voulu panser. Comment apprendre à aimer quand on a dû oublier l’objet même de l’amour?

L’auteure aborde un sujet aussi grave que complexe mais sans parvenir à éveiller l’intérêt du lecteur. Certains passages, comme notamment la semaine au congrès, ne sont que des intermèdes sans consistance.

Nathalie Aubry

Si vous ne cherchez pas un livre d’un haut niveau, ce roman est gentiment écrit sans plus, donc agréable à lire. Les personnages sont bien mis en place. Une histoire pas très compliquée, un rebondissement final bien amené qui apporte un peu de piment dans l’intrigue. Ce livre m’a partiellement plu.

Mère de l'année !, Line Alexandre, Éd. Luce Wilquin

Prix GAEL/Libris en collaboration avec Libris Agora

A.D. et S.Z.

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