Les 5 leçons des Magritte 2016

A la fête du cinéma belge francophone, en 2016, on a beaucoup ri avec Dany Boon et récompensé des acteurs flamands... Par Joëlle Lehrer

La sixième cérémonie des Magritte, même lieu que les années précédentes, le Square, sur le Mont des Arts à Bruxelles. Le tapis est bleu et on descend les marches alors qu'à Cannes, on les monte. Quand j'arrive, un acteur me demande si je ne veux pas le prendre en photo avec sa copine. Bien sûr. Leçon n°1: à Bruxelles, Belgium, on est fier de notre surréalisme. On fait parfois les choses à l'envers ou dans un autre sens. Et tout le monde peut jouer les paparazzi du samedi soir.

La présidente de la cérémonie n'est autre que Marie Gillain. L'une des actrices belges qui a le moins tourné dans des films belges...  Charlie Dupont, le maître de cérémonie, la surnomme "la Schengen du cinéma belge". Empesée dans une jupe à crinoline, Marie réussit à créer la première standing ovation de la soirée pour un hommage à Chantal Akerman, décédée en 2015.  Leçon n°2: Marie, Chantal, des talents plus souvent appréciés à l'extérieur de nos petites frontières, brillent, enfin, dans leur "home sweet home".

Jaco Van Dormael n'a pas assez de ses deux mains pour porter ses Magritte. Il reçoit celui du meilleur réalisateur, du meilleur film et du meilleur scénario original (avec Thomas Gunzig). An Pierlé, toujours aussi gracieuse,  est récompensée pour la meilleure musique. Elle a signé celle du "Tout Nouveau Testament". En toute logique, Benoît Poelvoorde aurait dû recevoir le prix du meilleur acteur, non? Leçon n°3: si on n'a pas réussi à triompher à Cannes ou aux Golden Globes, on peut quand même avoir de la chance aux Magritte. Oui, mais pas tout le monde le peut.

Adil El Arbi et Bilall Fallah, les réalisateurs de "Black", montent sur scène pour remettre le Magritte de la meilleure image. On leur doit deux des meilleures citations de la soirée: "Excusez-moi, je suis Flamand" et "2015, c'est une année géniale pour les Marocains de Bruxelles, tout ce qu'on fait explose!".  Second degré, bien sûr. A leur suite, Wim Willaert (pour son rôle dans "Je suis mort mais j'ai des amis) et Veerle Baetens (pour son rôle dans "Un début prometteur") sont sacrés meilleur acteur et meilleure actrice. Leçon n°4: vu que le cinéma belge francophone, c'est quand même tout petit la planète, pour éviter de récompenser encore Bouli Lanners ou Yolande Moreau, on s'élargit à nos amis flamands qui font un cinéma remarquable et comptent de sacrées personnalités.

Dany Boon, qui cherche des figurants belges pour son prochain film, est dans la salle. Avec son ami Kad Merad, ils réussissent l'un des sketches les plus drôles de la soirée en se moquant des nouvelles règles de l'orthographe -"et que feraient les Belges sans accent?"- et au passage, foutent en l'air l'un des micros. De son côté, Cécile de France en fille de Jean-Claude Van Damme et d'Annie Cordy, sur l'air de "Tata Yoyo", est exactement comme on l'aime. Déjantée. Leçon n°5: on a beau être le pays des films sociaux, avec des ciels gris, pour la rigolade en live, on reste la terre des champions. D'ailleurs, Vincent Lindon l'a dit: il a passé une très bonne soirée.

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