Cancer du sein… Et après, l’espoir renaît: le témoignage de Liliane

Julie et Liliane ont, chacune à sa manière, apprivoisé le cancer du sein, accepté les questionnements qu’il charrie et adopté une nouvelle philosophie de vie. Pour être vraiment elles. Le témoignage de Liliane.

Liliane, 52 ans, en relation, un fils de 26 ans. Cancer du sein dépisté en 2006. A choisi de ne pas faire reconstruire son sein.

Pourquoi être devenue une amazone?

Je connaissais la photographe et j’étais séduite par sa démarche: deux bonnes raisons de poser, non? Quand j’ai vu la photo, j’ai réalisé quel c’était une étape de se voir sur papier. Pourtant, je n’ai pas de problème avec mon image, ni dans ma sexualité. Mais là, observer le contraste entre le côté avec et celui sans, entre la vie et la mort, et réaliser qu’il s’agit de soi, ce n’est pas rien. Mais je suis ravie de l’avoir fait.

Six ans après la mastectomie, je mesure seulement la gravité de ce que j’ai traversé. Mes amies s’inquiétaient plus pour moi que moi. À l’époque, je n’ai pas compris, peut-être que j’étais dans le déni. On a décelé deux tumeurs dans mon sein droit et on a fait ce qu’il y avait rationnellement à faire: enlever le sein et la chaîne de ganglions concernée. J’ai pris ça comme un truc anodin. J’étais même étonnée que l’oncologue me prescrive plusieurs mois de congé. Je ne craignais pas le cancer, je redoutais plus la dépression post-opératoire et les différents soins. J’ai trouvé l’IRM bruyante et stressante au possible. Le placement du "port-à-cath", désagréable. Et la radiothérapie, avilissante: on vous marque le corps avec des collants et tous les jours, vous devez vous dénuder devant des inconnus.

Chouchoutée!

Pour garder le moral, j’ai essayé de profiter des bénéfices secondaires de cette épreuve: je m’offrais un café, avec un tortillon et un magazine, quand les infirmières me forçaient à rester alitée. J’ai aussi été chouchoutée. Par mon fils, tout d’abord. C’est lui qui m’a rasé les cheveux avec mon amie. Je me rappelle aussi qu’après la première chimio, il m’avait préparé des toasts à la confiture et des pommes à sucer. Ses amis m’ont rendu visite à l’hôpital. Mes copines m’ont conduite aux chimios. J’ai pu compter sur un super réseau, mais il y a des trucs qu’on vit seule... Comme découvrir sa cicatrice. C’est une ligne maintenant, ce n’est plus une plaie, c’est pas vilain, c’est plus rien... Ça ne me complexe pas. Pourtant, à l’époque de l’opération, l’homme qui partageait ma vie m’avait dit: 'Qui voudra encore de toi avec un sein?'. Je l’ai quitté depuis...

Toujours coquette

Là, je viens de rencontrer quelqu’un. Le cap est passé: je lui ai dit que je n’avais plus qu’un sein. Je n’envisage pas la reconstruction. Il faudrait encore m’opérer... Une fois pour prélever de la matière dans mon dos ou mes fesses et la greffer sur ma poitrine. Puis, une seconde fois pour rectifier la taille de mon autre sein en fonction du reconstitué. Je n’en ai pas envie. Je peux continuer à être coquette. Avec la prothèse, on ne voit rien. L’impact du cancer dans ma vie, ce n’est pas seulement ce sein en moins, c’est surtout ce qu’on ne voit pas: beaucoup de fatigue et des maladies et traitements en cascades. Reconnue handicapée à 66% par la mutuelle, je peux vivre normalement mais pas faire comme si ce cancer n’avait jamais existé. J’ai dû arrêter de travailler.

Lâcher prise

Lorsqu’on comprend qu’on est mortel, la vie prend forcément un autre sens, on l’apprécie encore plus. Moi, je ne me suis pas trop attardée sur le pourquoi du comment. La piste psychologique peut se révéler tellement culpabilisante... Dans la vie, il y a de belles histoires et des trucs injustes. Si je dois mourir demain, on verra demain. Personne n’est à l’abri de rien. En attendant, tout ce que je peux encore connaître – un amoureux, un petit-enfant... – je le prends. J’essaie juste d’écouter mon corps et de me demander si ce que je vis me fait du bien, ou pas. Au lieu de me couper en quatre, je choisis désormais de tendre les mains vers les autres et d’accepter celles qui se tendent vers moi.

Gael vous invite à découvrir la démarche de Florence D’elle et le témoignage de Julie (33 ans) qui, elle aussi, a participé au projet photographique "Les Amazones".

Témoignages recueillis par Allison Lefevre. Portraits: Florence D'elle. Coordination A.B., Web S.Z.

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